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Certains sols forestiers stockent plus de carbone que d'autres

Un bûcheron coupe un arbre pour donner plus d'espace a un érable dans une forêt jurassienne. Cœuve, le 4 mai 2023. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Certains sols forestiers stockent plus de carbone que d'autres / Le Journal horaire / 33 sec. / le 27 mars 2024
Les sols forestiers stockent plus de carbone que les arbres, mais le libèrent en grande quantité lors de perturbations naturelles ou de coupes de bois. Les modalités de ces processus devraient être prises en compte dans le calcul du bilan carbone, selon une étude de l'institut WSL.

Planter des arbres pour lutter contre le changement climatique est désormais une pratique largement évoquée dans le débat scientifique sur ces questions.

>> Lire aussi : Les forêts pourraient capter bien plus de CO2, selon une étude de l'EPFZ

La pédothèque du WSL contient des échantillons d'environ 1850 profils de sol et quelque 12 000 échantillons des couches supérieures du sol prélevés dans le réseau 1x1 km de l'Inventaire forestier national IFN. [WSL]
La pédothèque du WSL contient des échantillons d'environ 1850 profils de sol et quelque 12 000 échantillons des couches supérieures du sol prélevés dans le réseau 1x1 km de l'Inventaire forestier national IFN. [WSL]

Ce qui est indiscutable, c'est que le sol forestier stocke de grandes quantités de carbone organique dans l'humus: 17% de plus dans la forêt suisse que dans la biomasse.

Une équipe dirigée par Mathias Mayer, de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), a analysé le rôle joué par les perturbations naturelles, qui ont précisément augmenté ces dernières années en raison du changement climatique. Les cinq auteurs ont passé au crible 151 études à l'échelle mondiale pour estimer les quantités de CO2 libéré – et donc de carbone stocké – après une perturbation naturelle.

Les scientifiques en ont conclu que les incendies de forêt avaient le plus fort impact, suivis par les chablis, les coupes de bois et les insectes nuisibles. Toutefois, le type et la quantité de carbone organique stocké dans le sol avant l'événement jouent un plus grand rôle que le type de perturbation, selon ces travaux publiés dans la revue Global Ecology and Biogeography.

L'importance de l'humus

Marco Walser et Behzad Rahimi examinent des profils de sol pour l'inventaire des sols forestiers. [WSL - Cedric Bührer]
Marco Walser et Behzad Rahimi examinent des profils de sol pour l'inventaire des sols forestiers. [WSL - Cedric Bührer]

Quant à la perte de carbone, elle était la plus importante dans les régions froides du Grand Nord et dans les montagnes où l'humus était abondant dans les couches supérieures du sol. Dans de tels sols forestiers, les effets négatifs étaient encore décelables au moins quatre décennies après une perturbation, a indiqué mercredi le WSL dans un communiqué.

En revanche, les forêts dont les couches supérieures du sol présentaient initialement une faible teneur en humus perdaient moins de carbone et retrouvaient plus rapidement leur état antérieur. Les auteurs estiment donc qu'il est important que le débat sur la séquestration du carbone grâce aux plantations prenne en compte les pertes éventuelles en cas de perturbation.

Les sols forestiers ont un rôle capital

Selon le WSL, les sols forestiers et leur diversité stationnelle possèdent un rôle capital dans la régulation du climat. Lorsqu'ils sont sains, outre le stockage du carbone, ils assurent de nombreuses prestations pour l'environnement et la société en fournissant aux plantes l'eau et les nutriments essentiels à leur croissance.

Ces sols contribuent également à l'approvisionnement en eau potable, abritent de nombreux organismes, et régulent les flux d'eau et de nutriments. En cas d'inondations, ils apportent encore une contribution importante de protection.

sjaq et l'ats

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