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L’EPFZ propose de reboiser la Terre pour limiter le changement climatique

Une forêt près du Doubs, dans le canton du Jura (image d'illustration). [Keystone - Martin Ruetschi]
Il reste de la place pour de nouvelles forêts / CQFD / 6 min. / le 5 juillet 2019
Le laboratoire du professeur Thomas Crowther à l’EPFZ a publié hier soir dans la revue Science une solution pour absorber une partie du CO2 stocké dans notre atmosphère: reforester massivement la Terre.

Pour limiter le changement climatique, la priorité est de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, et particulièrement celles de CO2.  Mais il faudrait en plus de cela trouver des moyens d’éliminer le gaz carbonique déjà présent dans l'atmosphère. Dans cette optique, les arbres sont d’excellents alliés, puisqu'ils absorbent du CO2 et rejettent de l’oxygène, faisant des forêts de véritables puits de carbone.

Une surface de 900 millions d’hectares

L'équipe de l'EPFZ s'est intéressée à la quantité maximale de forêts qu'il serait possible de planter sur Terre. Elle a estimé que pas moins de 900 millions d'hectares pourraient être recouverts d'arbres. "Le résultat est au-delà de nos espérances, a indiqué Jean-François Bastin, écologue au laboratoire de Tomas Crowther, dans l'émission CQFD de la RTS. Cela correspond environ à 205 gigatonnes de carbone, soit un quart de ce que l'on a dans l’atmosphère aujourd'hui, et deux-tiers des émissions émises depuis la révolution industrielle."

Ces 900 millions d’hectares, une surface à peine plus petite que les Etats-Unis, sont répartis un peu partout dans le monde. "On peut vraiment voir ça comme un combat universel, s’est enthousiasmé François Bastin. Et les pays où l’on pourrait faire le plus de travail sont les grands pays de l’hémisphère nord qui ont des revenus assez élevés, soit les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, la Russie et la Chine, avec aussi l’Australie."

Remettre en question notre manière de vivre

L’augmentation démographique mondiale et de ses besoins en terres agricoles menace toutefois de manger une partie de ces surfaces reboisables. "Il faut associer ce travail de reforestation avec une remise en question de notre manière de vivre sur la planète", a expliqué l’écologue. Il a notamment cité les nombreuses études montrant qu'il suffit de changer un peu nos habitudes de consommation – sans nécessairement devenir totalement végétarien ou végan – pour nourrir toute la population actuelle et future avec les surfaces agricoles déjà existantes.

Sujet radio: Silvio Dolzan

Adaptation web: Antoine Schaub

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D’autres scientifiques relativisent

La publication du laboratoire de l’EPFZ n’a pas manqué de faire réagir la communauté scientifique, qui nuance la portée de la découverte. "Oui, une reforestation héroïque peut s'avérer utile, mais il faut arrêter de dire qu'il existe une solution naturelle à l'utilisation des énergies fossiles. Il n'y en a pas", a écrit Myles Allen, professeur de science du géosystème à Oxford. Il est rejoint par Simon Lewis, professeur à l'University College London, pour qui "la seule façon de stabiliser le climat est de faire baisser à zéro les émissions de gaz à effet de serre".
afp/asch