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La colère des agriculteurs emporte également le sud de l'Europe

Des tracteurs espagnols ont défilé dans les rues de Barcelone le 7 février 2024. [Afp - Alexandre Bre  / Hans Lucas]
Les agriculteurs espagnols emboîtent le pas de leurs confrères français / La Matinale / 1 min. / le 12 février 2024
Depuis une semaine, le monde agricole du sud de l’Europe, notamment en Espagne mais aussi en Italie et en Grèce, vit au rythme des manifestations. Les tracteurs sont même entrés il y a quelques jours dans Barcelone et à Rome. Pourquoi cette mobilisation intervient-elle maintenant?

Ces manifestations ont parfois été tendues avec les forces de l’ordre en Espagne, où 31 personnes ont été arrêtées depuis mardi dernier.

Revendications communes

Les plaintes sont semblables en grande majorité à leurs collègues français: trop de bureaucratie et concurrence des produits des pays tiers, mais une partie est davantage dirigée vers l'Union européenne.

En Espagne, les agriculteurs s’inquiètent aussi d’une sécheresse de plus en plus structurelle et prolongée.

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Mais ces protestations à contre-temps des pays du Sud interroge. Les agriculteurs espagnols s’étaient déjà fait entendre l’an dernier et avaient obtenu gain de cause pour des compensations financières et des ristournes.

Volonté de se faire entendre, eux aussi

Mais la détermination des agriculteurs français semble avoir déteint sur ceux du Sud, qui semblent s'être demandé "pourquoi pas nous, pourquoi ne pas obtenir davantage, d'autant plus que Bruxelles a déjà cédé sur les produits phytosanitaires? ".

Leur mobilisation est aussi un message aux agriculteurs français qui vidaient des camions d'Espagne, se plaignant de produits moins chers: pour eux, tout le monde est dans le même bateau.

D'ici aux élections européennes début juin, la fenêtre des opportunités pour les paysans de se faire entendre et maintenir la pression reste grande.

Sujet radio: Valérie Demon

Adaptation web: juma avec agences

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Reprise prochaine de la mobilisation en France

A quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture, qui se tiendra à Paris pendant deux semaines à partir du 24 février, le syndicat agricole FNSEA a prévenu le gouvernement que les actions de protestation allaient reprendre à l'échelle locale, mais pas nationale.

"Près de 10 jours après la suspension (du) mouvement, le tempo, le rythme n’est pas le bon et c’est ce que je déplore", a déclaré Arnaud Rousseau au micro de la radio franceinfo.

"Nous avons, à l'initiative d'un certain nombre de départements, des actions qui vont se mener plutôt en direction des grandes surfaces pour contrôler les prix, pour regarder que le sujet de la juste rémunération des agriculteurs soit bien centrale", a-t-il dit, ajoutant que, "pour le moment", aucun mouvement national n'était prévu.

Rencontre avec le Premier ministre

Face à cette mise en garde, le Premier ministre Gabriel Attal recevra mardi à 15h30 la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, un autre syndicat de la branche, en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et de sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher, a annoncé lundi Matignon.

Les agriculteurs ont levé leurs blocages autoroutiers au début du mois après des annonces du gouvernement, déclarant attendre leur mise en oeuvre "concrète" d'ici à l'ouverture du Salon de l'agriculture.

>> Lire également : Levée progressive des blocages en France après les annonces à Paris et Bruxelles

Les clauses miroir pour protéger les agriculteurs européens

Le ministre espagnol de l'Agriculture, Luis Planas, a défendu les clauses miroir qui consistent en des accords commerciaux visant à soumettre les produits importés aux mêmes contraintes que celles imposées aux agriculteurs européens.  "J’ai été le premier ministre de l’Union européenne à défendre ces clauses miroirs", a-t-il expliqué au micro de La Matinale de lundi.

"Nous croyons qu’il ne faut pas seulement tenir compte des limites des résidus des produits phytosanitaires, il faut aussi tenir compte de l’utilisation même de ces produits. Car ils représentent, au même titre que d’autres antibiotiques, une concurrence déloyale pour nos agriculteurs lorsque des produits importés de pays tiers arrivent dans l’Union européenne, où les mêmes produits ne sont pas autorisés", a-t-il poursuivi.

De son côté, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton a défendu dimanche la limitation des importations de produits agricoles dits "sensibles" imposée à l'Ukraine afin de protéger les agriculteurs européens. "Ce qu'il faut, c'est trouver un équilibre et la solution proposée (un moratoire, NDLR) va dans le bon sens", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision française LCI.

"Bien sûr, on soutient l'Ukraine. Mais l'Europe, c'est aussi un équilibre et dans cet équilibre, il y a nos agriculteurs", a-t-il encore justifié.