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Levée progressive des blocages en France après les annonces à Paris et Bruxelles

En France, suite aux concessions du gouvernement, les syndicats paysans appellent à suspendre les blocages
En France, suite aux concessions du gouvernement, les syndicats paysans appellent à suspendre les blocages / 12h45 / 1 min. / le 2 février 2024
En France, épicentre de la révolte du monde paysan en Europe, les agriculteurs commencent à lever leurs blocages vendredi, après les mesures annoncées la veille à Paris et Bruxelles, mais certains sur le continent poursuivent le mouvement.

Mobilisés en masse depuis lundi, les agriculteurs français qui barraient des portions d'autoroutes aux abords de Paris lèvent progressivement le camp à l'appel des deux principaux syndicats du secteur qui ont évoqué les "avancées attendues au niveau national et européen".

Pour tenter d'éteindre la colère qui gagnait du terrain sur le continent, la Commission européenne a promis jeudi des mesures pour défendre les "intérêts légitimes" des agriculteurs de l'UE, "en garantissant des conditions de concurrence équitables" ou en réduisant le "fardeau administratif" de la décriée politique agricole commune (PAC).

>> Relire également : Face à la colère du monde agricole, la Commission européenne lâche du lest

Une enveloppe de 400 millions d'euros

Le gouvernement français a, de son côté, promis depuis lundi une enveloppe globale de 400 millions d'euros à ses agriculteurs et annoncé la mise "en pause" d'un plan de réduction des pesticides, au grand dam des écologistes.

Paris a par ailleurs donné des gages au secteur en réitérant son opposition à la signature de l'accord controversé de libre-échange que la Commission négocie actuellement avec les pays sud-américains du Mercosur, dont les puissances agricoles Brésil et Argentine.

Ce traité ne sera pas "conclu à la va-vite comme certains menaçaient de le faire", a certifié Emmanuel Macron, qui a également annoncé que l'UE instaurerait un contrôle des importations de céréales ukrainiennes pour éviter des distorsions de concurrence.

Appel à la suspension des blocages

Au vu de "tout ce qui avait été annoncé", les deux syndicats majoritaires en France ont appelé jeudi à "suspendre" les blocages dans le pays, laissant entrevoir une sortie de crise même si la réaction d'autres organisations agricoles sera guettée de près à Paris.

Signe d'espoir pour le gouvernement français, ce mot d'ordre a été suivi jeudi soir dans plusieurs départements où les autorités ont fait état de levées ou d'allègement de barrages. Certains groupes isolés entendent toutefois maintenir leurs actions.

Les quelque 150 tracteurs partis du Sud-Ouest pour faire entendre leur colère autour du marché international de produits frais de Rungis, au sud de Paris, ont, eux, rebroussé chemin face à la mobilisation des forces de l'ordre, qui leur ont barré le passage à l'aide notamment de véhicules blindés.

>> Les explications dans Forum :

France: les paysans lèvent le siège de la grève de Paris
France: les paysans lèvent le siège de la grève de Paris / Forum / 2 min. / le 2 février 2024

afp/ther/doe

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L'Union européenne, cible désignée de la crise

Dans tous les pays de l'UE, Bruxelles reste la cible désignée de la colère agricole. Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant : des revendications similaires se retrouvent de l'Allemagne à la Pologne en passant par l'Italie.

Pour faire entendre leurs griefs, des milliers de manifestants venus de plusieurs pays et quelque 1200 tracteurs avaient envahi jeudi les rues de la capitale belge. "Ce n'est pas l'Europe que nous voulons", "Sortons l'alimentation du libre échange", scandaient les manifestants en français, néerlandais, italien et allemand.

Passages à la frontière bloqués

La mobilisation s'est étendue jeudi au Portugal où des centaines d'agriculteurs bloquaient des axes routiers, dont deux passages à la frontière avec l'Espagne, afin de réclamer une "valorisation de leur activité".

En Italie, des appels circulent pour convaincre des agriculteurs de converger vers Rome et une action est prévue samedi au nord de la capitale.

En Grèce, 300 tracteurs et des dizaines de camions d'apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, aux cris de: "Agriculteurs, ils boivent votre sang".

Dès vendredi matin, des agriculteurs belges se sont installés à plusieurs postes à la frontière avec les Pays-Bas afin de poursuivre leur action de protestation.

Des agriculteurs venus de Belgique et des Pays-Bas bloquent une autoroute, le vendredi 2 février. [KEYSTONE - ROB ENGELAAR]
Des agriculteurs venus de Belgique et des Pays-Bas bloquent une autoroute, le vendredi 2 février. [KEYSTONE - ROB ENGELAAR]