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Les exportations de la pharma suisse vers la Chine explosent depuis 2010

La visite du président chinois en Suisse dès dimanche permettra de renforcer les rapports commerciaux entre les deux pays. Ces dernières années, l'horlogerie a souffert de la lutte anti-corruption alors que la pharma a explosé.

Depuis 2005, la courbe des exportations vers la Chine n'a jamais fléchi pour atteindre 19,3 milliards de francs en 2015 si l'on inclut les métaux précieux ou 9 milliards sans ces derniers, comme le montre le graphique ci-dessous*.

>> Evolution du montant total des exportations suisses en francs vers la Chine (2005-2015):

(*Le total général se distingue du total conjoncturel par le fait qu'il comprend les métaux précieux, les pierres précieuses, les objets d'art et les antiquités. A partir de 2012, les données relatives aux exportations d'or sont intégrées aux statistiques, faisant exploser la courbe.)

En 2015, les exportations de la joaillerie et des métaux précieux atteignaient plus de 10 milliards de francs. Ce montant est largement supérieur à ceux des autres branches en raison de l'intégration de l'or, dès 2012, dans cette catégorie. Or, une part importante du métal jaune acheté par la Banque centrale chinoise ne fait que transiter par la Suisse alors qu'il est enregistré dans les exportations.

Derrière, les produits pharmaceutiques (2,5 milliards) et l'industrie nucléaire (1,6 milliard) complètent le podium. En posture difficile depuis quelques années, l'horlogerie pointe quant à elle au quatrième rang avec des exportations dont le montant total atteint 1,3 milliard de francs.

Un pari audacieux pour l'industrie pharmaceutique

Pour atteindre la seconde place des principales branches exportatrices vers l'Empire du Milieu, la pharma a bénéficié d'une croissance vertigineuse au cours des cinq dernières années. De 532 millions de francs en 2010, la valeur des exportations a ainsi bondi à 2,5 milliards en 2015 (+371%).

Selon Blaise Godet, ancien ambassadeur de Suisse en Chine, la pharma récolte les fruits d'implantations massives. "Novartis a par exemple investi un milliard sur cinq ans. Le pari était audacieux puisque la protection des entreprises au niveau de la propriété intellectuelle est relativement faible là-bas. Mais cela paie à présent", explique celui qui est aujourd'hui président de la section romande de la Chambre de commerce Suisse-Chine.

Reste que la société bâloise a accepté de payer une amende de 25 millions de dollars en mars 2016, après que la justice américaine lui a reproché d'avoir soudoyé, notamment avec des voyages offerts, des professionnels de la santé en Chine.

La progression des exportations de produits pharmaceutiques a été telle qu'en 2013, elles ont dépassé celles d'un autre fer de lance de l'économie helvétique: l'horlogerie. Stagnant dès 2011, ce secteur est en repli depuis 2013. Et si le franc fort a logiquement pesé, la lutte anti-corruption menée par le président Xi Jinping a également eu un effet non-négligeable. 

Une montre onéreuse au poignet d'un membre du Parti, c'est l'incarnation de la corruption

Blaise Godet, ancien ambassadeur de Suisse en Chine

Régulièrement offerts en cadeau aux élites, les produits suisses de milieu et de haut de gamme ont moins la cote, estime Blaise Godet: "Pékin a lancé une vaste un campagne afin de dénoncer les abus. Or, une montre onéreuse au poignet d'un membre du Parti, c'est l'incarnation de la corruption."

La demande en toilettes explose

Outre l'industrie pharmaceutique, une dizaine de branches ont connu une prodigieuse augmentation de leurs exportations vers la Chine. Les sommes atteintes sont toutefois bien plus faibles.

C'est particulièrement vrai pour l'industrie céramique, dont la valeur des exportations a crû de 600% entre en 2005 et 2015 pour atteindre 23,6 millions de francs. La raison? Le renforcement de la présence des géants suisses des installations sanitaires en Chine, et l'explosion de la demande pour de tels produits.

Premier partenaire commercial du pays en Asie, sixième à l'échelle internationale, la Chine compte pour les entreprises suisses. Et si un important socle d'échanges existait jusqu'alors, l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange, le 1er juillet 2014, a encore rapproché les deux pays sur la carte du commerce mondial.

Malgré les effets négatifs d'un franc fort qui voile l'économie helvétique depuis 2011, cet accord a eu les effets escomptés, assurant une hausse constante des exportations vers l'Empire du Milieu.

Kevin Gertsch

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