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La faîtière des syndicats des fonctionnaires genevois refuse une charte anti-violences sexistes

Les membres du Cartel intersyndical de la fonction publique genevoise refusent une charte contre les violences sexistes
Les membres du Cartel intersyndical de la fonction publique genevoise refusent une charte contre les violences sexistes / Forum / 2 min. / le 21 septembre 2022
Le Cartel intersyndical du personnel de l'Etat a refusé mardi soir d'adopter une charte contre les violences sexistes, un refus qui a provoqué un malaise palpable chez une partie des membres. Pour eux, le choix d'écarter cette charte est l'illustration d'une gauche mal prise quand elle est confrontée à des affaires de sexisme.

Le texte demandait aux organisations membres du Cartel de s'engager à lutter contre toute forme de discrimination sexiste, de ne pratiquer aucune impunité en matière de sexisme, de soutenir les victimes, ou encore d'encourager la mise en place de dispositifs de prévention et de formation. Il a été écarté à cause de l'opposition, notamment, des délégués des syndicats de police, mais aussi des enseignants du secondaire, où les hommes sont bien représentés.

Interrogés par la RTS, des délégués qui se sont opposés à l'adoption de ce texte ont indiqué ne pas être défavorables aux buts poursuivis, mais contester un point particulier de cette charte: celui réclamant l'octroi d'une aide financière aux personnes se disant victimes de sexisme, qu'elles soient membres ou non d'un syndicat affilié au Cartel.

Pour Waël Almoman, membre du Bureau de l'Union du corps enseignant secondaire genevois, si son syndicat est évidemment prêt à aider financièrement les victimes, un syndicat aide ses membres uniquement.

Charte remplacée par un article moins spécifique

Les opposants à la charte ont toutefois proposé une alternative qui a passé la rampe: la modification des statuts actuels avec un nouvel article plus court, à la portée plus large, qui lutte contre toutes les formes de discrimination, notamment en lien avec le sexe, le genre, l'orientation sexuelle, la religion, l'ethnie ou le handicap.

"On a préféré cette alternative qui est beaucoup plus forte et permet de défendre tout membre contre des discriminations quelles qu'elles soient", a résumé Waël Almoman, qui estime qu'il n'y a pas de problème spécifique de sexisme au sein du Cartel. "Mais s'il y en a un, on a maintenant un statut qui permet de le traiter, et il doit l'être immédiatement", a-t-il ajouté.

>> Voir aussi l'interview de Francesca Marchesini, membre du bureau du Cartel intersyndical dans Forum :

Francesca Marchesini s’exprime sur le refus de la charte contre les violences sexistes par la faîtière des syndicats des fonctionnaires genevois
Francesca Marchesini s’exprime sur le refus de la charte contre les violences sexistes par la faîtière des syndicats des fonctionnaires genevois / Forum / 4 min. / le 21 septembre 2022

Une solution fourre-tout?

La solution finalement adoptée par la faîtière des syndicats des fonctionnaires ne satisfait cependant pas tout le monde, a constaté la RTS au lendemain de cette décision. Pour les personnes à l'origine de la charte, ce nouvel article dans les statuts est une solution un peu fourre-tout qui ne reconnaît pas l'importance du sexisme dans le milieu syndical. Plusieurs membres du bureau du Cartel décrivent aussi les hommes ayant refusé la charte comme rétifs aux changements amorcés par le mouvement Metoo.

Pour certaines déléguées, le choix d'écarter cette charte est l'illustration d'une gauche mal prise quand elle est confrontée à des affaires de sexisme, à l'instar de celles traversées par Ensemble à gauche, ou encore de celles qui, en France, secouent la Nupes et le parti écologiste.

>> Lire à ce sujet : La Nupes dans la tourmente après des cas de violences faites aux femmes

Sujet radio: Mohamed Musadak
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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