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A Genève, le harcèlement sexuel au travail est davantage dénoncé aux prud'hommes

La dernière étude sur le harcèlement au travail réalisée en Suisse date de 2007. [Frank May - Picture Alliance / DPA]
Le harcelement sexuel au travail est davantage dénoncé à Genève / La Matinale / 1 min. / le 12 mai 2022
Un bilan publié cette semaine par les autorités judiciaires montre que les dénonciations pour harcèlement sexuel au travail auprès du Tribunal des prud'hommes sont en nette augmentation dans le canton de Genève.

Selon le compte-rendu de l'activité du Pouvoir judiciaire en 2021, au Tribunal des prud'hommes de Genève, le nombre de requêtes en conciliation liées à la loi fédérale sur l'égalité a modestement représenté 3,5% du nombre total de requêtes, contre 2,3% en 2018.

Parmi les motifs invoqués, le harcèlement sexuel est présent dans 50% des cas, une nette augmentation par rapport aux 3% de l'année 2018.

Cette augmentation s'explique avant tout par une meilleure détection du problème, surtout par les femmes. Le mouvement #MeToo, avec la libération de la parole, a donné les outils pour mieux identifier les situations de harcèlement sexuel au travail.

Le droit se met à la page

Le monde du droit semble aussi s'être mis à la page, observe Emma Liden, avocate à l'étude Peter et Moreau, spécialisée en droit du travail: "Quand il s'agit d'un commentaire de nature sexiste, auparavant ce dernier n'était pas été compris comme tel. Aujourd'hui, les avocats et avocates ont une meilleure compréhension de ce qu'est le harcèlement sexuel".

Avec cette meilleure détection des employées et cette connaissance approfondie de la loi sur l'égalité des avocats et avocates, le harcèlement sexuel au travail est à la fois plus souvent dénoncé et plus facilement amené devant les tribunaux.

Les entreprises se positionnent

De nombreux cas se résolvent aussi par l'obtention d'un accord avec l'employeur. Camila Aros, secrétaire syndicale chez Unia, observe une augmentation de ce genre de situation, notamment des femmes qui dénoncent collectivement des situations de harcèlement sexuel dans le milieu de la restauration.

"On a eu beaucoup de cas dans les fast food, avec des employées assez jeune, pour la plupart dans leur premier job. Elles sont donc plus vulnérables au harcèlement sexuel", selon Camila Aros. Ces cas sont des "invisibles", la part immergée de l'iceberg qui ne ressort pas dans les chiffres du Tribunal genevois.

Pour d'autres employeurs et employeuses, la problématique du harcèlement sexuel est aujourd'hui prise nettement plus au sérieux. Le bureau juridique Collectif de Défense remarque une augmentation depuis deux ans des demandes d'enquêtes provenant des entreprises elles-mêmes.

Propos recueillis par Gabriela Cabré

Adaptation web: Julien Furrer

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