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Nombre de Suisses vont en France pour bénéficier de la remise de 18 centimes sur le carburant

Les Suisses profitent de la remise de 18 centimes sur le carburant en France: débat entre Loïc Hervé et Mauro Poggia
Les Suisses profitent de la remise de 18 centimes sur le carburant en France: débat entre Loïc Hervé et Mauro Poggia / Forum / 10 min. / le 9 août 2022
Les frontaliers suisses sont actuellement nombreux à aller faire leur plein d'essence dans les stations-services françaises, profitant ainsi de la ristourne accordée par l'Etat français sur le prix des carburants.

A la station-service de Gaillard, localité de Haute-Savoie non loin de Genève, les Suisses traversent fréquemment la frontière pour venir faire leur plein, a constaté France 3 Auvergne - Rhône-Alpes. Ils y trouvent en effet de l'essence à moins de 2 francs le litre contre près de 2,20 francs en Suisse.

Ces touristes de l'essence bénéficient en effet de la remise de 18 centimes d'euros par litre de carburant mise en place par l'Etat français le 1er avril face à l'envolée des prix à la pompe. Cette ristourne passera même à 30 centimes par litre en septembre et octobre.

>> Voir aussi le reportage du 19h30 :

Ruée des Genevois en France pour payer le carburant moins cher
Ruée des Genevois en France pour payer le carburant moins cher / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2022

Un coût de 4,5 milliards pour la France

La remise sur le carburant financée par la France s'applique donc à tous les clients, peu importe leur nationalité. Mais cette situation ne plaît pas à tout le monde.

Loïc Hervé, sénateur de Haute-Savoie, est intervenu lors de l'examen du projet de loi par le Sénat français pour soutenir un amendement - qui a été rejeté - incluant un dispositif ciblé et temporaire. Et d'estimer que l'argent est "jeté par les fenêtres" avec les mesures actuellement en place.

Il ne faut pas qu'on aide les riches, nos amis suisses ou les touristes étrangers, mais il faut qu'on aide les Français qui bossent

Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie

"Cela coûte extrêmement cher aux finances publiques françaises, a-t-il tonné mardi dans l'émission de la RTS Forum. Ce n'est pas une baisse des taxes sur l'essence, c'est un dépendance budgétaire qui coûte 4,5 milliards d'euros et qui va durer quatre mois. C'est un effort considérable pour le budget de l'Etat."

"Il faut absolument qu'on aide en priorité les Français qui en ont le plus besoin. Il ne faut pas qu'on aide les riches, nos amis suisses ou les touristes étrangers, mais il faut qu'on aide les Français qui bossent. C'est aussi simple que cela, avec une aide ciblée versée par l'employeur avec prise en charge par l'Etat", propose le sénateur de l'Union centriste.

"Une tempête dans un bidon d'essence"

"Le raisonnement est exact et ne prête pas le flanc à la critique, a répondu le président du Conseil d'Etat genevois Mauro Poggia, il y a quelques jours sur Facebook. Les aides de l'Etat français n'ont a priori pas à profiter à des personnes qui ne résident pas sur le territoire français."

Dans Forum, Mauro Poggia précise toutefois qu'il s'agit d'une "tempête dans un bidon d'essence". "Pendant des décennies, les Français sont venus faire leur plein en Suisse. Si on commence à mettre sur la table les avantages et les inconvénients des uns et des autres, on va pouvoir faire des bilans qui ne seront pas favorables à l'Etat français", estime-t-il.

Pendant des décennies, les Français sont venus faire leur plein en Suisse

Mauro Poggia, président du Conseil d'Etat genevois

L'élu genevois note que la rémunération des frontaliers français a "récemment" augmenté de 10% grâce au renforcement du franc suisse. Il souligne que l'essence "n'est pas le seul bien de consommation dont le prix est influencé par des aides étatiques, françaises ou européennes".

Mauro Poggia rappelle aussi à son voisin sénateur que les travailleurs frontaliers résidant en France bénéficient des allocations familiales suisses, "majorées à Genève pour tenir compte du coût de la vie de ce canton, et cela dès le premier enfant, alors même qu'au vu du niveau de leur salaire, ils n'y ont souvent pas droit en France".

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Valentin Jordil

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