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Simonetta Sommaruga: "La population attend de nous qu'on ait moins de dépendance au pétrole et au gaz étranger"

L'invitée de La Matinale - Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale à la tête du DETEC
L'invitée de La Matinale - Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale à la tête du DETEC / La Matinale / 11 min. / le 16 mars 2022
La guerre en Ukraine continue à faire peser des craintes en Europe et en Suisse sur les prix du gaz et du pétrole. Invitée de La Matinale mercredi, la conseillère fédérale en charge de l'environnement Simonetta Sommaruga estime que les Suisses et les Suissesses attendent la fin de cette dépendance énergétique. Pour elle, il faut saisir cette opportunité pour se tourner davantage vers le renouvelable.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les cours du pétrole et du gaz ont fortement augmenté. Conséquence directe à la pompe, une augmentation du prix de l'essence de 40 centimes par litre en l'espace de deux semaines en Suisse.

Les analystes estiment qu'à terme, le prix pourrait même atteindre les 3 ou 4 francs le litre. Questionnée pour savoir si elle croyait à un tel scénario, Simonetta Sommaruga juge que les prix sont pour l'instant encore "très volatiles". D'après elle, il faudra donc rester attentif et observer de "très près" ce que cela signifie "pour les ménages à bas et à moyens revenus".

>> Lire à ce propos : Le prix de l'essence en Suisse pourrait s'envoler à 3 francs par litre

La cheffe du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication explique être en contact constant avec les fournisseurs de gaz et d'électricité: "certains disent qu'ils ont fait des contrats à long terme et que les prix resteront stables (...) d'autres disent qu'ils ont acheté à court terme et que ce sera davantage un problème", détaille-t-elle.

"On a les moyens de réduire notre dépendance"

Mais que peut concrètement faire le Conseil fédéral dans l'immédiat face à cette situation? A cette interrogation, la conseillère fédérale socialiste reste évasive: "Il faut regarder ce qu'on peut faire, on a des possibilités. Le Conseil fédéral l'a montré pendant la pandémie, si on en a besoin, on est capable de réagir fort et vite."

Agir fort et vite, est-ce faire le choix de baisser les prix de l'essence en supprimant momentanément des taxes, comme l'a récemment décidé la France? Pour Simonetta Sommaruga, la volatilité actuelle des prix ne permet pas pour l'instant de prendre de décision.

La conseillère fédérale préfère évoquer une opportunité à saisir, la fin de la dépendance énergétique. "La population attend de nous qu'on ait moins de dépendance au pétrole et au gaz étranger. On importe à 100% le pétrole, à 100% le gaz, à 100% l'uranium. Si on peut faire quelque chose, c'est réduire cette dépendance, car on ne dépend pas seulement du produit mais aussi du prix", argumente-t-elle.

Et d'ajouter: "Un exemple avec le photovoltaïque. Au mois de février, les Suisses ont installé 200'000 panneaux solaires sur les toits. Cela montre que la population veut ces changements dans notre pays (...) on a les moyens, les possibilités pour réduire notre dépendance".

"Assurer l'approvisionnement est très important"

En Suisse, le gaz russe représente 47% des importations. Une dépendance que Simonetta Sommaruga dit avoir considéré comme problématique dès son arrivée au Conseil fédéral. Mais quid de la situation actuelle?

"L'industrie gazière me dit que pour l'instant ça va, car ils ont des contrats. En ce qui concerne l'hiver prochain, on a permis à la branche qu'elle se coordonne, sans avoir un problème sur la loi des cartels, car on doit s'assurer d'avoir du gaz pour notre pays. Avoir besoin de moins de gaz est une priorité mais assurer l'approvisionnement est très important", indique-t-elle.

Quant au nucléaire, la cheffe du DETEC estime que la Suisse est dans une bonne position, car contrairement à l'Allemagne, elle n'a pas déterminé de date fixe pour la fermeture de centrales. Celles-ci peuvent donc continuer tant qu'elles sont considérées comme "sécurisées", conclut-elle.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Tristan Hertig

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