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"Fermer des hôpitaux ne fera pas baisser les coûts de la santé"

Dominique Arlettaz. [Keystone - Maxime Schmid]
Dominique Arlettaz, président du CA de l'Hôpital du Valais / L'invité de la rédaction / 21 min. / le 6 septembre 2016
Les coûts hospitaliers sont-ils trop élevés par rapport à la qualité des soins? Pour Dominique Arlettaz, président du conseil d'administration de l'Hôpital du Valais, ils reflètent d'importantes pressions financières.

Le surveillant des prix Stefan Meierhans estimait il y a quelques jours qu'en comparaison internationale, la qualité des soins hospitaliers en Suisse n'est que moyenne, alors que les coûts de la santé sont parmi les plus élevés. Pour Monsieur Prix, le rapport qualité-prix doit nettement s'améliorer.

>> Lire : Monsieur Prix critique des soins trop chers pour une qualité moyenne

Dominique Arlettaz, le nouveau président du conseil d'administration de l'Hôpital du Valais, n'y voit pas une provocation. "Son rôle est de mettre la pression pour que les coûts de la santé restent le plus bas possible", a-t-il estimé mardi dans le Journal du matin de la RTS.

"Fortes pressions financières"

"Les hôpitaux ont des pressions financières très fortes", se défend-il toutefois. "Lorsque vous payez votre facture d'électricité, vous ne payez pas uniquement ce que vous consommez, mais pour le fait d'avoir un réseau électrique à disposition. Il en est de même pour un hôpital public: on ne paie pas seulement les coûts des prestations de soins, mais le fait que l'établissement soit à disposition, autant pour les interventions prévues que pour les urgences."

Y a-t-il trop d'hôpitaux en Suisse? "Je ne sais pas, mais l'évolution de la santé et les moyens que l'on a pour soigner font que l'on va plutôt vers une concentration afin d'améliorer la qualité des hôpitaux", répond l'ancien recteur de l'Université de Lausanne. "Et dans le coût d'une prestation, il y a aussi le coût des investissements importants que cela implique".

L'évolution de la santé et les moyens que l'on a pour soigner font que l'on va plutôt vers une concentration des hôpitaux.

Dominique Arlettaz, président du conseil d'administration de l'Hôpital du Valais

Exigences de la population

Trop de prestations, alors? "A juste titre, la population craint chaque année l'augmentation des primes. Mais en parallèle, elle souhaite pouvoir choisir son médecin, éventuellement en consulter plusieurs, être soignée par les meilleures équipes, ce qui est également légitime... il est difficile de trouver le juste chemin", reconnaît Dominique Arlettaz.

"Fermer des hôpitaux ne fera pas baisser les coûts, cela n'est pas si simple. Les coûts de la santé dépendent essentiellement de choix que les politiques doivent faire sur le système de santé qu'ils veulent offrir à la population", souligne-t-il encore.

"Renforcer la chaîne" de la santé

Dominique Arlettaz ne remet pas non plus en cause le système des caisses maladie: "Ce mélange de public et de privé a fait ses preuves, il ne doit pas changer."

Et pour lui, la collaboration public-privé doit aussi se faire au niveau des hôpitaux. "La durée des hospitalisations a baissé en 10 ans: le séjour moyen pour les soins aigus est passé de 10 à 6 jours et de 55 jours à 35 en réhabilitation et psychiatrie. La personne reste moins longtemps à l'hôpital: il doit alors y avoir un lien plus fort entre médecin privé et hôpital", estime-t-il.

"Il faut renforcer la chaîne" des professionnels de la santé, ajoute-t-il encore, donnant l'exemple de la collaboration entre un médecin et un pharmacien, qui permettrait de vendre moins de médicaments.

jvia

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