Modifié

La procédure d'asile express s'applique déjà dans quatre des six centres fédéraux

Les procédures express pour les demandeurs d’asile maghrébins bientôt étendues à toute la Suisse
Les procédures express pour les demandeurs d’asile maghrébins bientôt étendues à toute la Suisse / 19h30 / 2 min. / le 28 avril 2024
La procédure express, qui prévoit le traitement des demandes d'asile en 24 heures pour les requérants maghrébins, est déjà en place dans quatre des six centres d'asile fédéraux. Le système est notamment appliqué à Boudry (NE).

Le conseiller fédéral Beat Jans (PS/BS) l'avait promis lors de sa visite à Boudry le 20 mars dernier, c'est désormais chose faite. Dans quatre des six centres fédéraux pour requérants d'asile, dont celui de Boudry pour la Suisse romande, les demandes des ressortissants maghrébins sont traitées en 24 heures. Et d'ici deux jours, c'est tout le pays qui appliquera ces procédures express.

>> Lire à ce sujet : La procédure d'asile express sera bientôt appliquée à Boudry, assure Beat Jans sur place

C'est dans les six centres de Zurich, Berne, Boudry (NE), Altstätten (SG), Chiasso (TI) et Bâle que les demandes d'asile sont déposées.

Des demandes qui ont peu de chances

La procédure dite express prévoit le traitement des demandes d'asile en 24 heures pour les requérants originaires d'Algérie, de Libye, du Maroc et de Tunisie, des personnes qui ont très peu de chances de voir leur démarche aboutir. Le conseiller fédéral en charge du Département fédéral de justice et police se base sur l'expérience zurichoise pour justifier son choix.

Selon la Confédération, le nombre de requérants d'asile en provenance du nord-ouest de l'Afrique a chuté de 70% au centre de Zurich depuis la mise en place de la procédure d'examen express sur 24 heures en novembre dernier. Une preuve de l'effet dissuasif de la mesure pour Beat Jans, qui "espère vraiment que ça change quelque chose et que ces gens qui viennent en Suisse seulement pour abuser du système ont un message clair: 'non, ça ne va pas'".

>> Lire à ce sujet : Testée à Zurich, la procédure d'asile en 24 heures pourrait avoir un effet sur le nombre de demandes

Une situation tendue

Or, la situation est explosive depuis un certain temps, notamment à Boudry, en raison de nombreuses incivilités, commises par une très faible minorité de personnes (vols, déprédations, harcèlement et gestes violents).

Les événements de Cortaillod (propos menaçants) et d'Yverdon (prise d'otages) "nous ont déstabilisés et choqués", avait affirmé Beat Jans lors de sa visite à Boudry en mars dernier. "Il y a une minorité de personnes qui pèsent lourdement sur le système de l'asile et qui sont une source de nuisances pour la population", avait reconnu le Bâlois.

Le ministre socialiste avait aussi rappelé que de "nombreuses mesures" sociales et sécuritaires avaient été prises. Les patrouilles introduites l'automne dernier dans les transports publics et financées à 90% par le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) seront ainsi prolongées jusqu'en juin au moins. Un projet de médiation de rue a également été mis en place.

>> Revoir le sujet du 19h30 sur la situation tendue dans les cantons :

Les centres fédéraux pour demandeurs d'asile cristalisent les tensions dans les cantons
Les centres fédéraux pour demandeurs d'asile cristallisent les tensions dans les cantons / 19h30 / 1 min. / le 20 mars 2024

Sujet TV Michael Maccabez

Adaptation web: cab

Publié Modifié

Les ONG s'inquètent

Pour Amnesty International, ces traitement express s'apparentent tout simplement à des procédures de renvoi.

"Pour montrer qu’on a droit à l’asile, il faut pouvoir démontrer qu’on a été persécuté, qu’on risque la torture et donc qu’on a besoin d’une protection (...) et établir les faits en 24 heures, c'est presque impossible", argumente Nadia Boehlen, porte-parole de l'ONG .

L'organisation de défense des droits humains demande une évaluation externe et transparente pour voir si ces procédures rapides peuvent se faire en bonne et due forme.

Lors de la présentation des chiffres zurichois à la fin du mois de mars, l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés avait tempéré le bilan. "Nous partons du principe que le nombre de demandes d'asile a aussi très fortement diminué en raison des fluctuations saisonnières", indiquait alors sa directrice Miriam Behrens.

Selon elle, il faudra attendre l'été pour évaluer si la procédure accélérée a un effet réel.