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La gauche radicale pourrait perdre ses deux sièges au Parlement

Denis de la Reussille (POP/NE) et Stefania Prezioso Batou (EàG/GE) sont les deux représentants de l'extrême-gauche au Parlement fédéral de la Confédération suisse. [Keystone - Alessandro della Valle]
La gauche radicale va-t-elle disparaitre du Parlement lors des élections fédérales? / La Matinale / 4 min. / le 6 septembre 2023
Deux représentants de la gauche radicale au Conseil national, Stéfanie Prezioso (Ensemble à Gauche/GE) et Denis de la Reussille (POP/NE), se préparent à jouer leur place et celle de leur parti sous la Coupole fédérale lors des élections fédérales de cet automne.

Ces deux partis d'extrême gauche espèrent maintenir leur présence à Berne, mais la question se pose: pourraient-ils disparaître des rangs du Conseil national lors des prochaines élections fédérales? C'est une possibilité à prendre en compte.

Le siège le plus en danger est celui de Stéfanie Prezioso, qui ne se représente pas. A la suite des élections cantonales d'avril dernier, Ensemble à Gauche s'est scindé en deux partis distincts, ce qui leur a faire perdre leur place au Grand Conseil genevois.

Pour les élections fédérales, deux listes concurrentes émergent à nouveau, mettant ainsi en péril la présence à Berne de la gauche radicale genevoise, qui a repris son siège il y a quatre ans.

Davantage de chances à Neuchâtel

Et qu'en est-il à Neuchâtel? La situation diffère quelque peu. Denis de la Reussille, qui siège à Berne depuis 2015, se présente à nouveau et jouit d'une grande popularité.

En 2019, il avait été le deuxième candidat le mieux élu du canton. Cependant, cette année, le POP (Parti ouvrier populaire) n'est pas sous-apparenté aux Verts et à SolidaritéS en vertu des nouvelles règles fédérales.

Certains observateurs estiment que cela pourrait lui faire perdre les voix de ses alliés. Pour son parti, il a toutefois de bonnes chances de conserver sa place.

Selon Cédric Dupraz, membre du POP et conseiller communal à la Ville du Locle, le parti est profondément enraciné dans la région. "Dans les montagnes neuchâteloise, le POP est historiquement fort. Ailleurs, c’est plus compliqué ça dépend du positionnement du Parti socialiste. Si le PS est très à gauche, le POP joue un rôle moins central", explique-t-il, mercredi dans La Matinale de la RTS.

Dans le canton de Vaud, par exemple, le POP peine à reprendre le siège perdu à Berne en 2011. Il était pourtant tout proche du but il y a quatre ans.

>> Les enjeux des fédérales dans le canton de Neuchâtel : A Neuchâtel, les Verts parviendront-ils à rééditer leur exploit de 2019?

Des thèmes "porteurs"

Le contexte d'inflation est un thème majeur pour les élections fédérales, et il pourrait bien mobiliser l'électorat de l'extrême gauche. C'est l'avis d'Andrea Pilotti, maître d'enseignement et de recherche à l'Institut d'études politiques de l'Université de Lausanne.

"Les thèmes liés à la politique sociale et salariale sont ceux qui pourraient être particulièrement porteurs pour la gauche radicale. Mettre davantage l'accent sur les questions sociales, et pas uniquement miser sur les questions sociétales, pourrait être une stratégie gagnante", analyse-t-il.

Est-il vraiment possible de faire avancer des dossiers avec seulement deux représentants d'une frange politique au Parlement? A quoi cela sert-il réellement?

Il est vrai que ces deux élus ont été relativement discrets et peu présents dans les médias. On les a rarement vus à la tribune. Cependant, Stéfanie Prezioso a déposé de nombreuses interventions, principalement des questions et des interpellations, mais avec peu de succès.

>> Les enjeux des fédérales dans le canton de Genève : La droite genevoise entend briser le monopole de la gauche au Conseil des Etats

Exister dans un Parlement à droite

Elle se défend en soulignant que dans un Parlement à majorité de droite, même ses camarades socialistes et verts n'ont pas eu beaucoup plus de succès.

Selon elle, les idées minoritaires, qu'elles s'expriment au Parlement ou dans la rue, ont un avenir prometteur. Cette opinion est partagée par Denis de la Reussille, pour qui leur présence à Berne permet avant tout de mettre à l'agenda des thématiques qui n'auraient pas été discutées autrement.

Mais a-t-il obtenu plus de succès avec ses propositions? En réalité, Denis de la Reussille a déposé très peu d'objets législatifs et a été souvent absent. Il convient de noter qu'il a également assumé un autre mandat jusqu'au début de cette année, au sein de l'exécutif de la Ville du Locle. Pour lui, déposer des motions pour le simple acte de le faire n'a pas de sens. Ce qui importe le plus, selon lui, c'est le travail en commission, où il a été plus assidu.

Au sein du groupe des Verts

Il est important de souligner que ces deux élus siègent dans le groupe des Verts, faute d'être suffisamment nombreux pour former leur propre groupe. Cette situation rend leur visibilité plus difficile. Un élu a indiqué à la RTS que Les Verts étaient réticents à leur confier certains dossiers, préférant garder la main sur les questions cruciales.

De nombreux membres reconnaissent l'importance de la diversité au sein de la gauche, mais certains avancent avec prudence que travailler avec Les Verts pourrait être plus facile dans certains cas. En effet, des tensions ont émergé avec Stéfanie Prezioso, notamment lorsqu'elle a voté différemment sur un objet essentiel pour Les Verts: la loi CO2.

Les militants et militantes de l'extrême gauche sont conscients de la fragilité de leurs sièges, car cette frange politique traverse une période difficile depuis environ deux décennies. Bien qu'elle ait été présente presque en continu depuis 1922, la gauche radicale a déjà disparu une fois à Berne entre 2011 et 2015.

Sujet radio: Gabriela Cabré

Adaptation web: Valentin Jordil

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