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Quand l'art et la médecine font bon ménage

A Genève, le musée Ariana propose des "ordonnances muséales" [RTS - Pauline Rappaz]
A Genève, le musée Ariana propose des "ordonnances muséales" / La Matinale / 2 min. / le 23 février 2022
A Genève, le palais de l'Ariana, musée suisse de la céramique et du verre, propose depuis vendredi des "ordonnances muséales" dans le cadre de l'exposition "Je suis bleu, je suis jaune, je suis verre… et je vois rouge!".

L'art a-t-il le pouvoir de guérir? Oui, répond l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS. "L’art peut être bénéfique pour la santé, tant physique que mentale", affirmait-elle dans un rapport de 2019.

A Montréal, depuis 2018, des médecins prescrivent une visite au musée des beaux-arts. Sur ce modèle, le Musée Ariana propose des ordonnances muséales, avec les médecins genevois et les HUG. Elles consistent en une entrée gratuite pour les patients et patientes avec une personne de leur choix, ainsi qu'en une visite commentée de l'exposition d'Hubert Crevoisier, qui présente ses monolithes et ses briques de verre colorés.

L'exposition d'Hubert Crevoisier au Musée suisse de la céramique et du verre de Genève, dans le palais de l'Ariana. [RTS - Pauline Rappaz]

"Hubert Crevoisier a une double casquette. Il est à la fois artiste, mais il a aussi une formation d'infirmier", a expliqué mercredi dans La Matinale de la RTS Anne-Claire Schumacher, conservatrice au Musée Ariana. "Il part du postulat que l'art peut faire du bien. On a la chance, dans un musée, d'être en face de l'œuvre d'art originale. Elle n'est pas forcément belle, elle peut être provocante, elle peut nous heurter, mais je pense que c'est quelque chose qui est bénéfique, qui peut calmer, qui peut tout à fait faire du bien".

"Moment d'apaisement"

Selon l'OMS, l'art peut permettre de gérer des problèmes de santé comme le diabète, l’obésité ou la mauvaise santé mentale.

"L'art ne peut pas guérir, mais il peut faire du bien. Et la littérature le montre", affirme la professeure Barbara Broers, médecin au service de médecine de premier recours des HUG. "La prescription muséale peut permettre à des personnes qui vivent avec une maladie chronique de trouver un moment d'apaisement, d'énergies positives".

"Personnellement, je me réjouis vraiment de proposer cette prescription à mes patients et patientes. La discussion sur le sujet permettra sûrement d'innover dans notre relation thérapeutique, et de moins parler de médicaments", poursuit-elle.

Quelques tentatives

Pour l'instant, le canton de Genève fait office de pionnier. Dans le Jura, l'Office de la culture estime que le projet "mériterait d’être étudié, s’agissant à notre sens d’une excellente idée". A Neuchâtel, plusieurs musées ont proposé l'an dernier une opération similaire, mais il s'agissait d’une action de communication humoristique, sans collaboration effective avec le monde médical.

"Dans l’argumentaire, nous pouvions toutefois nous fonder sur ces études scientifiques désormais bien connues, qui relèvent les bénéfices de la culture pour la santé mentale de nos concitoyens et concitoyennes. Or, par les temps qui courent, on voit bien que ce n’est pas un luxe…", explique Marc-Antoine Kaeser, directeur du Laténium.

L'opération du Musée Ariana pour l'exposition "Je suis bleu, je suis jaune, je suis verre… et je vois rouge!" dure jusqu'au 7 août. A noter aussi que le Musée Ariana organise un colloque le 25 mars intitué "L'art et la santé: un duo gagnant?"

Une ordonnance muséale pour le Musée de l'Ariana [RTS - Pauline Rappaz]

Pauline Rappaz

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