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Avec "Petite Solange", Axelle Ropert livre un film délicat sur le divorce

Une image du film "Petite Solange" d'Axelle Ropert. [Haut et Court]
Une image du film "Petite Solange" d'Axelle Ropert. - [Haut et Court]
Lorsque ses parents menacent de divorcer, le monde de la petite Solange est bouleversé. Que peut faire l'adolescente pour résoudre le problème? "Petite Solange", film d'Axelle Ropert, avec Jade Springer, Léa Drucker et Philippe Katerine, est à voir actuellement dans les salles romandes.

Solange a 13 ans. C'est une jeune adolescente pleine de vie et de curiosité. Elle est sentimentale à l'excès, et adore ses parents. Un jour, ses parents se disputent, se fâchent, commencent à s'éloigner. Tandis que l'ombre du divorce se précise, Solange voit son monde se fissurer. Alors elle va s'inquiéter, réagir, souffrir, bref y croire encore. C'est l'histoire d'une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible: que l'amour jamais ne s'arrête.

Des films sur le divorce, il y en a beaucoup. Ce qui est inédit dans "Petite Solange", c'est que la séparation est vue au travers des yeux d'une adolescente. "J'ai été adolescente dans les années 1980. C'est vraiment une génération qui a vu ses parents divorcés en masse. A l'époque, c'est passé inaperçu et avec le recul, je me suis dit que c'était quand même une expérience incroyablement douloureuse. J'ai puisé là-dedans et j'ai voulu raconter ce chagrin si large et si universel, et si peu traité qui est: qu'est-ce que la fin d'une famille pour un enfant", explique à la RTS la réalisatrice Axelle Ropert.

>> A voir, un sujet du 12h45 sur le film :

Locarno: "Petite Solange" un film délicat sur l’adolescence
Locarno: "Petite Solange" un film délicat sur l’adolescence / 12h45 / 1 min. / le 11 août 2021

Le divorce au coeur du film

Aujourd'hui, on ne montre plus du doigt les enfants de divorcés. Intimement, pour les enfants et les parents, ce n'est pourtant pas un événement banal. Dans les années 1980, les disputes et les divorces étaient un peu honteux, se souvient Axelle Ropert. Croire en l'amour et voir qu'il peut se terminer, c'est ce que voulait montrer la réalisatrice.

Jade Springer joue Solange. Axelle Ropert voulait un visage qui porte le film. Son modèle: Jean-Pierre Léaud dans "Les 400 coups". Jade Springer, c'est le petit miracle de la réalisatrice. Une jeune fille originale dans la vie, qui n'avait jamais joué. "Jade, je ne lui ai jamais raconté mon histoire, je n'ai jamais cherché à la ramener de force dans mon histoire à moi. Je l'ai laissée avec sa sensibilité et l'ai laissée avec des choses très simples, très précises et très concrètes", explique Axelle Ropert.

"Petite Solange" raconte une histoire d'amour universelle entre une jeune fille qui adore ses parents, et un chagrin universel avec cette jeune fille qui va perdre les gens qu'elle aime le plus au monde. Cette famille d'une grande simplicité nécessitait des acteurs d'une grande finesse avec un brin d'originalité, d'où le choix de Léa Drucker et Philippe Katerine dans le rôle des parents.

>> A écouter, l'interview de la réalisatrice Axelle Ropert :

Axelle Ropert. [Locarno Film Festival - Alessandro Crinari]Locarno Film Festival - Alessandro Crinari
L'invitée: Axelle Ropert, "Petite Solange" / Vertigo / 25 min. / le 21 janvier 2022

Un récit salvateur

Dans son film, la réalisatrice dépeint un monde plutôt hostile à l'égard des enfants et des adolescents. Un contraste avec cette jeune Solange qui attendrit. "Je trouve que nous, adultes, on a fabriqué une vie dure à nos enfants. Je trouve que l'adolescence est une période très difficile", explique la cinéaste.

"Petite Solange" est un film qui se situe à notre époque, mais qui raconte le chagrin de toute une génération, qui appartient à tous les gens qui ont perdu quelque chose pendant leur enfance ou leur adolescence. Raconter quelque chose de collectif, c'est ce qu'a voulu faire Axelle Ropert: "Donner forme à des choses qui étaient juste informes et violentes au moment où on les a vécues. [...] Je pense que l'art est quelque chose qui sauve et que réussir à donner une forme a quelque chose qui était violent, brutal et subi, c'est salvateur. Aussi salvateur que faire une thérapie".

Avec "Petite Solange", Axelle Ropert réussit à traiter avec retenue et sans violence, à hauteur d'adolescence, avec douceur et mélancolie, le sujet universel du divorce.

Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

Adaptation web: Lara Donnet

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