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La Suisse doit mieux soutenir la pratique de l'italien, selon une étude

La Suisse doit en faire plus pour soutenir la pratique de l'italien, montre une recherche nationale. [Keystone - Gaetan Bally]
La langue italienne reste la grande oubliée de la politique suisse / La Matinale / 1 min. / le 9 novembre 2021
D'un point de vue formel et législatif, l'italien est l'une des langues minoritaires nationales les mieux protégées au monde. Concrètement, les choses sont toutefois un peu différentes, selon une étude mandatée par le Forum pour l'italien en Suisse.

La majorité des italophones (environ 53%) vivent dans d'autres cantons, en dehors de la Suisse italienne. Ils se trouvent ainsi dans une situation de minorité sans protection particulière et constituent une communauté fragmentée et transversale, unie uniquement par la langue, peut-on lire dans l'étude, réalisée par l'Observatoire linguistique de la Suisse italienne (OLSI), la Haute école spécialisée de la Suisse italienne (SUPSI-DFA), en collaboration avec la Haute Ecole Pédagogique du Canton des Grisons (PHGR).

En plus des Suisses dont l'italien est la langue principale (8,4%), 33% de la population déclare avoir une compétence partielle dans cette langue. Les bi-plurilingues forment un potentiel pour le maintien et la diffusion de la langue italienne, selon les chercheurs.

Importance des médias

La lecture et l'utilisation de la radio, de la TV et d'internet jouent sans surprise un rôle important dans le maintien des compétences en italien en dehors du territoire. Et ceci en particulier pour les personnes qui ont l'italien comme langue principale.

Dans l'enseignement obligatoire, à l'exception des Grisons et d'Uri, cette langue latine n'est proposée qu'à partir de l'école secondaire, soit comme matière facultative dans la plupart des cantons, soit comme matière à option.

L'anglais, deuxième langue d'enseignement

Dans de nombreux cantons, l'anglais est devenu la deuxième langue d'enseignement obligatoire au détriment des langues nationales. Et on constate que de plus en plus d'élèves italophones ne sont pas scolarisés en italien.

Les programmes de mobilité et d'échanges linguistiques, parmi lesquels Movetia, présentent pourtant une large offre pour l’étude et l’apprentissage de l’italien. Mais les échanges de classe semblent favoriser avant tout les autres langues nationales.

Côté cinéma, chaque région linguistique visionne des films dans sa langue et les films en italien sont peu vus en dehors des zones italophones.

Seul un cinquième des musées à vocation suprarégionale et qui se situent en dehors du territoire italophone déclarent accueillir des visiteurs en italien. Un quart d'entre eux environ dispose d'un site web avec une version partielle ou totale en italien.

Dans l'Administration fédérale

L'italien en tant que langue officielle ne se retrouve que dans les textes écrits tels que les communiqués de presse, les textes juridiques et les offres d'emploi. Dans la communication orale (débat parlementaire en 2012 et 2019), en revanche, sa présence est presque exclusivement limitée à des interventions à faible valeur communicative.

Dans l'Administration fédérale (AF), la représentation des italophones est bonne si l'on considère le personnel dans son ensemble. Des lacunes apparaissent toutefois lorsque les tranches salariales élevées sont prises en compte et selon les départements.

Le souhait de candidatures italophones est par ailleurs peu exprimé dans les appels d'offres au sein de l'AF. Du côté des cadres supérieurs des organismes et institutions paraétatiques, on observe toutefois une augmentation de la représentation italophone, bien que le nombre global de membres de direction reste réduit.

Au sein de l'AF, le nombre de personnes ayant l'italien comme langue maternelle est proportionnel à la représentation de la communauté italophone. Par contre, les compétences en tant que langue non maternelle sont d'un niveau considérablement inférieur à celui des autres langues nationales.

ats/kkub

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