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Comment Max Göldi est devenu le "gardien" de l’ambassade à Tripoli

Max Göldi, l’ex-otage en Libye raconte enfin
Max Göldi, l’ex-otage en Libye raconte enfin / Mise au point / 10 min. / le 10 novembre 2019
Avec son compatriote Rachid Hamdani, le Suisse Max Göldi a été otage de la Libye de Kadhafi entre 2008 et 2010. Il raconte dimanche dans Mise au point comment il s'est retrouvé, seul, aux commandes de l'ambassade à Tripoli.

Les deux otages s'étaient retrouvés au centre de l'une des crises internationales les plus retentissantes qu’ait connue la Suisse: le 15 juillet 2008, Hannibal Kadhafi avait été brièvement arrêté dans un palace à Genève. Le fils de feu le dictateur libyen Mouammar Kadhafi et sa femme Aline étaient soupçonnés d'avoir brutalisé deux employés de maison. L'arrestation, qui s'en était suivie, des représentants de deux sociétés suisses à Tripoli avait mis le feu aux relations helvético-libyennes.

Après sa libération en 2010, Max Göldi a gardé le silence jusqu’à la sortie de son livre "La vengeance de Kadhafi" en 2018. Dans cet ouvrage, le Bernois révèle alors un aspect encore inédit de son histoire: il n’était pas seulement otage, il était aussi devenu "gardien" de la représentation helvétique. Entre deux séjours en prison et pendant plus d’un an, il s’était en effet retrouvé confiné dans l’ambassade de Suisse à Tripoli, empêché de quitter le pays.

"Gardien de cabane à Tripoli"

Avec un pragmatisme tout helvétique, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) l’aurait alors mis à contribution. "Le nouveau chargé d’affaires suisse en Libye ne pouvait pas venir, car il avait besoin d’un visa et les Libyens l’avait bien sûr bloqué", raconte l'ex-otage dimanche dans l'émission Mise au point. "Et finalement, quand les quatre diplomates suisses qui avaient fini leur mandat sont rentrés au pays, je me suis retrouvé seul à l’ambassade… le gardien de cabane à Tripoli."

De fait, Max Göldi était beaucoup plus isolé qu’on pouvait l'imaginer à l'époque: au départ des diplomates, on lui a littéralement laissé les clefs de la maison.

Toutes les clefs et les codes des coffres-forts

"Le dernier jour, la vice-consul m’a appris quoi faire. Elle m’a donné toutes les clefs de l’ambassade, les codes des coffres-forts; j’ai reçu la signature pour les comptes en banque, une adresse e-mail officielle. On m’a montré comment tenir les livres de comptes. C’est comme ça que je suis devenu 2e secrétaire d’ambassade."

Pour l’otage, cette occupation était la bienvenue durant une année faite d’ennui et d’angoisse. Elle a pris fin en septembre 2009, lorsque les photos de la garde à vue d’Hannibal Kadhafi à Genève ont été publiées dans la presse et que l’otage a été renvoyé en prison en Libye.

Sébastien Faure/oang

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