Publié

Avions de combat: Maurer fait le jeu du GSsA

La Suisse prévoit d'investir 2,2 milliards pour remplacer les Tiger.
La Suisse prévoit d'investir 2,2 milliards pour remplacer les Tiger.
Les opposants à l'achat de nouveaux avions de combat se frottent les mains. Au grand dam de la droite, l'idée d'un renoncement à de nouveaux jets fait le jeu de l'initiative contre de nouveaux avions du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et du PS.

Le Conseil fédéral a discuté des avions de combat mercredi mais
n'a pas encore pris de décision, selon le porte-parole du
gouvernement André Simonazzi. Dans cette attente, le Département de
la défense se refusait jeudi à tout commentaire.



Dévoilée par différents médias, la proposition d'Ueli Maurer
d'abandonner le projet de remplacement d'une partie de la flotte
des Tiger n'en relance pas moins la discussion au sein du monde
politique.

Le GSsA dans l'attente

«Si Ueli Maurer s'impose au gouvernement et au Parlement, le
dossier est enterré et il n'y aura pas de nouveaux achats avant dix
ans», a expliqué jeudi le conseiller national Josef Lang
(Verts/ZG), membre du comité directeur du GSsA. Les évaluations
préalables à de nouveaux achats durent en effet des années.



«Si au contraire Ueli Maurer ne trouve pas de majorité en faveur
d'un renoncement à l'achat, nous mènerons campagne pour notre
initiative avec le soutien du ministre de la défense, et le peuple
nous suivra», prédit Josef Lang.



Pour le Parti socialiste, «le dossier des nouveaux avions est
mort», selon la conseillère nationale Evi Allemann (BE). Estimant
que la sécurité de l'espace aérien est déjà garantie par les FA-18,
le PS a toujours combattu ce nouveau projet, rappelle la
spécialiste de la politique de sécurité. La Bernoise déplore juste
que la politique de sécurité soit gouvernée par les finances et non
par des considérations de fond.

L'UDC indécise

Selon le vice-président de l'UDC Yvan Perrin, rien n'est encore
joué. «J'espère que la décision servira d'électrochoc au Parlement
et qu'il prendra ses responsabilités: si l'on estime que de
nouveaux avions de combat sont nécessaires, il faut libérer les
moyens correspondants.»



La position du parti n'est pas encore arrêtée, mais l'UDC a
toujours soutenu l'achat de nouveaux avions, répète Yvan Perrin. Il
reconnaît toutefois qu'il sera très difficile de faire passer au
Parlement un tel crédit en période de crise économique si le
Conseil fédéral y est opposé et que le GSsA fait campagne pour un
moratoire.

La droite indignée

Irrité par la soudaine volte-face d'Ueli Maurer, le Parti
libéral-radical appelle le Département de la défense à respecter le
processus de décision du Parlement. Pour la cheffe de son groupe
parlementaire Gabi Huber (UR), soit Ueli Maurer a dans un autre
domaine de l'armée de sérieux problèmes qu'il veut résoudre en
priorité, «soit la manoeuvre est purement tactique afin d'obtenir
le beurre et l'argent du beurre».



Il n'est pas question de renoncer aux nouveaux avions, complète
son collègue de parti Edi Engelberger (NW). Membre de la commission
de la politique de sécurité, le radical attend d'Ueli Maurer qu'il
dise lundi à la prochaine séance de la commission ce que le Conseil
fédéral veut faire.



Indigné de cette nouvelle «mode» d'annoncer par avance des
décisions du Conseil fédéral, le président du PDC Christophe
Darbellay exige une stratégie à long terme pour l'armée. Il ne
comprend pas que l'abandon des jets soit envisagé isolément. Selon
le conseiller national, le projet n'est pas enterré, mais «le PDC
ne sera pas le dernier avocat de ces avions».



ats/sbo

Publié

La somme de 2,2 milliards serait insuffisante

Pour la Société suisse des officiers (SSO), le renoncement aux nouveaux avions serait pourtant «le début d'une banqueroute politico-sécuritaire». Il compromet la sécurité du pays et fragilise l'armée dans son ensemble, avertit la SSO.

Jusqu'il y a un an, le Département de la défense était convaincu qu'il pourrait acheter 33 nouveaux avions de combat avec le crédit de 2,2 milliards de francs prévu dans le programme d'armement.

Dans un rapport remis à la commission, il admet désormais que les 2,2 milliards ne suffiront même pas pour 22 appareils.