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Ne touchez pas au rayonnement solaire, plaident les spécialistes

Les projets de géoingénierie solaire pour limiter le réchauffement climatique sont potentiellement dangereux, avertissent expertes et experts. [Keystone/AP photo - Michael Probst]
Des scientifiques lancent un appel pour ne pas jouer avec le feu dans le domaine du climat / La Matinale / 1 min. / le 18 janvier 2022
Les projets de géoingénierie solaire destinés à refroidir la surface de la Terre et limiter le réchauffement climatique sont potentiellement dangereux, avertissent soixante experts et expertes dans une lettre publiée lundi. Elle appelle les gouvernements à les bloquer.

Injecter des milliards de particules de soufre dans la couche supérieure de l'atmosphère – un des projets les plus controversés de modification intentionnelle des rayonnements solaires – pourrait renvoyer une partie des rayons du soleil, mais les effets secondaires risquent de dépasser les bénéfices, insiste cette lettre ouverte accompagnée d'un texte dans la revue WIREs Climate Change.

"Le déploiement de la géoingénierie solaire ne peut pas être géré au niveau mondial de manière juste, inclusive et efficace. Nous appelons donc les gouvernements, l'ONU et les autres acteurs à prendre des mesures politiques immédiates pour empêcher la normalisation de la géoingénierie solaire en tant qu'option contre le réchauffement", écrivent les signataires.

Hausse de 1,1 degré depuis l'ère pré-industrielle

La planète a gagné environ +1,1°C depuis l'ère pré-industrielle, entraînant déjà une multiplication des canicules, inondations ou tempêtes.

>> Lire : Réchauffement climatique record sur les sept dernières années

Le monde s'est engagé à limiter ce réchauffement bien en deçà de +2°C, +1,5°C si possible, mais les experts climat de l'ONU (GIEC) estiment que le seuil de +1,5°C pourrait déjà être atteint autour de 2030.

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Et face à l'échec à réduire les émissions de gaz carbonique responsables du réchauffement, certains responsables politiques soutiennent désormais la géoingénierie, pour gagner du temps.

>> Ecouter Hervé Le Treut, professeur à l'École polytechnique et à Sorbonne Université, à Paris, et membre de l'Académie française des Sciences, dans l'émission CQFD :

La géo-ingénierie solaire tente de refroidir la surface de la Terre et de limiter le réchauffement climatique.
DmitryRukhlenko
Depositphotos [DmitryRukhlenko]DmitryRukhlenko
La géo-ingénierie solaire, une fausse bonne idée / CQFD / 9 min. / le 18 janvier 2022

Des risques certains

Les scientifiques savent depuis longtemps qu'injecter d'importants volumes de particules réfléchissantes dans la couche supérieure de l'atmosphère – comme des particules de soufre – pourrait refroidir la planète. Les projections de l'éruption du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991 avaient d'ailleurs réduit la température moyenne de la surface de la Terre pendant un an.

Géoingénierie solaire – un accord international de non-utilisation: 1. Pas de fond public, 2. Aucune expérience à l'extérieur, 3. Aucun brevet, 4. Aucun déploiement, 5. Aucun soutien dans les institutions internationales. [WIREs Climate Change - Mike Hulme]
Géoingénierie solaire – un accord international de non-utilisation: 1. Pas de fond public, 2. Aucune expérience à l'extérieur, 3. Aucun brevet, 4. Aucun déploiement, 5. Aucun soutien dans les institutions internationales. [WIREs Climate Change - Mike Hulme]

Mais la lettre ouverte met surtout en avant les risques: "C'est quelque chose de très dangereux, parce que, d'une part, on ne sait pas exactement quelles seront les effets d'une action comme celle-ci. Cela changera l'agriculture, cela changera beaucoup de choses", explique le climatologue Hervé Le Treut mardi au micro de La Matinale. Il ajoute dans l'émission CQFD: "Ce qui rend la chose dangereuse, c'est qu'elle est possible". Il craint que certaines personnes veulent "jouer à l'apprenti sorcier".

En plus de la modification du climat, cela "ajoute un deuxième changement qui risque d'être aussi grave que le premier et qui ne va pas guérir les choses", souligne-t-il.

Une modification intentionnelle des rayonnements solaires pourrait par exemple perturber le régime des moussons en Asie du Sud et dans l'ouest de l'Afrique et pourrait ainsi détruire les cultures dont des centaines de millions de personnes dépendent, selon des études déjà publiées.

Et si la modification des rayonnements prenait fin "pour une raison quelconque, il est très probable que la température de la surface augmenterait rapidement", estime le GIEC.

De plus, cette technologie n'empêcherait pas le CO2 de continuer à s'accumuler dans l'atmosphère.

>> Lire : "On avait tout en main il y a 40 ans pour éviter la catastrophe climatique", fustige un chercheur

Faux espoir

Les signataires, comme le professeur Aarti Gupta de l'université néerlandaise de Wageningen ou le président de l'Agence allemande de l'environnement Dirk Messner, s'inquiètent également du risque de créer un faux espoir de solution face au réchauffement, ce qui pourrait "dissuader les gouvernements, les entreprises et les sociétés de faire tout leur possible pour parvenir à la neutralité carbone dès que possible".

Enfin, expertes et experts soulignent l'absence de gouvernance pour surveiller ces projets. Alors la lettre ouverte appelle à un "accord international de non utilisation" qui bloquerait le financement, l'expérimentation et l'octroi de brevets à ces technologies, sans pour autant mettre un terme aux recherches scientifiques.

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sjaq avec afp

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