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Les feux australiens ont projeté autant de fumée qu'une éruption volcanique

Une vue aérienne des feux de brousse en Australie le 31 décembre 2019. [EPA/Keystone - Government of Victoria Handout]
Les feux australiens ont projeté autant de fumée qu'une éruption volcanique / La Matinale / 23 sec. / le 19 mars 2021
Les incendies qui ont ravagé l'Australie en 2019-2020 ont été si massifs qu'ils ont projeté autant de fumée dans la stratosphère qu'une importante éruption volcanique. Avec des conséquences importantes pour le climat, selon une étude publiée jeudi dans la revue Science.

La quantité de fumée dégagée par les feux australiens est comparable à celle entraînée par l'éruption du Mont Pinatubo en 1991 aux Philippines, la deuxième plus grosse éruption au 20ème siècle.

La fumée "a quitté l'Australie par l'est, et est revenue sur l'Australie depuis l'ouest au bout de deux semaines, c'est incroyable", a confié Ilan Koren, l'un des deux co-auteurs de l'étude et professeur au Weizmann Institute of Science en Israël. "Je n'ai jamais vu une telle injection de fumée dans la stratosphère", a-t-il ajouté, se disant très surpris de ces résultats.

>> Revoir les images marquantes des feux en Australie : En Australie, les feux laissent derrière eux des images apocalyptiques

Plusieurs facteurs expliquent cette diffusion massive

La stratosphère est la deuxième couche constituant l'atmosphère, au-dessus de la troposphère, dans laquelle nous vivons).

La fumée a atteint cette hauteur à cause d'une combinaison de trois facteurs, selon l'étude: tout d'abord, l'intensité des feux. Ensuite, le fait qu'une partie d'entre eux ait été située très au sud, là où la limite entre la troposphère et la stratosphère est plus basse. Enfin, car ils se situaient également près d'une région de fortes tempêtes, ce qui a contribué à élever les fumées en altitude.

Le fait qu'elles aient atteint cette hauteur est crucial: dans l'atmosphère basse, la fumée ne subsiste que quelques jours ou semaines. "Mais lorsqu'elle atteint la stratosphère, elle reste entre plusieurs mois ou années", explique Ilan Koren.

De plus, les vents y sont plus forts, ce qui a pour conséquence de diffuser la fumée loin et vite. "Ce qu'on obtient, c'est une fine couverture de fumée qui couvre tout l'hémisphère sud pendant de nombreux mois", résume Ilan Koren, qui estime qu'une partie de ces fumées subsistent "très probablement" en partie encore aujourd'hui.

>> Le reportage de Mise au Point :

Les images chocs de l'Australie en proie aux flammes en janvier 2020
Les images chocs de l'Australie en proie aux flammes en janvier 2020 / Mise au point / 14 min. / le 19 juillet 2020

afp/boi

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Un double effet de froid et de chaud

Cette couche de fumée a pour principal effet de refléter et renvoyer une partie du rayonnement solaire: "Cela a clairement un effet refroidissant", notamment sur les océans situés en dessous, dit le chercheur. Avec potentiellement de lourdes conséquences, par exemple sur les algues qui font de la photosynthèse, particulièrement présentes dans l'hémisphère sud, ajoute-t-il.

Par ailleurs, une partie du rayonnement peut-être absorbé par la fumée, et provoquer au contraire un réchauffement localisé, dont les conséquences "ne sont pas encore claires".