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Victimes de surdiagnostic, beaucoup de patients sont traités pour rien

De nombreux patients en Suisse sont victimes de surdiagnostic
De nombreux patients en Suisse sont victimes de surdiagnostic / L'actu en vidéo / 2 min. / le 5 janvier 2017
Pour améliorer les chances de survie face au cancer, les médecins cherchent à détecter les tumeurs le plus tôt possible. Mais parfois, ils traitent des tumeurs qui ne se seraient jamais développées davantage.

Mieux vaut prévenir que guérir? L'adage n'est pas toujours vrai, à en croire plusieurs études récentes, qui pointent le problème du "surdiagnostic". Une étude parue cet été dans le New England Journal of Medecine indique que des centaines de milliers de thyroïdes ont probablement été enlevées pour rien. Une autre étude publiée en octobre illustre la même problématique pour le cancer du sein.

>> A relire : Trop de cancers de la thyroïde sont diagnostiqués, selon une étude

Selon Idris Guessous, spécialiste en médecine interne aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), "certaines tumeurs ne vont pas réellement gêner la vie du patient, parce que ce dernier va décéder avant même que la tumeur n'ait eu le temps de se développer et de causer la maladie."

Cancer emblématique de la prostate

C'est le cancer de la prostate qui est le plus emblématique du problème de surdiagnostic, parce qu'il survient surtout chez des hommes d'un certain âge et se développe souvent lentement. Or, à partir de l'âge de 50 ans, l'incidence du cancer latent, qui ne va pas gêner la vie du patient, augmente de manière "relativement sérieuse", explique Patrice Jichlinski, chef du service d'urologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne.

Il est difficile d'évaluer l'ampleur du phénomène. Selon Idris Guessous, "entre 20 à 50% des cas dépistés ne se seraient jamais traduits par des signes ou des symptômes dans la vie de l'homme."

D'autant que, sur 1000 hommes qui seront dépistés pendant dix ans, un seul sera sauvé d'un décès dû au cancer de la prostate grâce au dépistage. Par contre, au moins 30 hommes seront traités pour rien. En plus, ils risquent l'incontinence, l'impuissance ou des problèmes cardio-vasculaires à cause du traitement.

Surveiller le foyer cancéreux

Patrice Jichlinski affirme chercher à "éviter le surtraitement en offrant une surveillance active de la maladie au cours du temps". C'est à dire qu'au lieu d'intervenir tout de suite, le médecin va surveiller le foyer cancéreux à intervalles réguliers afin de voir comment il évolue. L'intervention n'aurait lieu que dans le cas où la tumeur devient problématique.

Quant aux chercheurs, ils tentent désormais de trouver les marqueurs qui permettront de déterminer à l'avance si une tumeur va devenir agressive ou non.

>> Ecouter les explications de la professeure Solange Peters :

Surdiagnostics: les explications de la professeure Solange Peters, depuis Lausanne
Surdiagnostics: les explications de la professeure Solange Peters, depuis Lausanne / 19h30 / 2 min. / le 29 décembre 2016

Eric Moisy/fme

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