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Un drone transporte des tissus humains et fait gagner un temps précieux aux hôpitaux

En accélérant le transport de tissus cancéreux, les drones aident les chirurgiens à prendre des décisions pendant une opération
En accélérant le transport de tissus cancéreux, les drones aident les chirurgiens à prendre des décisions pendant une opération / L'actu en vidéo / 57 sec. / le 24 août 2022
Un drone a effectué mardi des vols tests à Anvers, dans l'est de la Belgique, pour transporter des tissus humains d'un hôpital à un autre à des fins d'analyse. Une expérience inédite en Europe qui pourrait faire gagner du temps précieux en cours d'opération.

Le drone, piloté par la société flamande Helicus, a relié les deux bâtiments, distants de 800 mètres, en quatre minutes.

A l'intérieur de l'engin se trouvait un flacon contenant un tissu humain potentiellement cancéreux pour analyse en laboratoire.

Ce vol test, suivi de trois autres dans la journée, est une première. Helicus est pour l'heure la seule entreprise européenne à avoir reçu, mi-juin, l'autorisation d'organiser des vols de drones à des fins médicales, au-dessus d'une ville et piloté à distance hors du champ de vision de l'opérateur.

Nouvelle réglementation européenne

Ces tests interviennent avant une nouvelle réglementation européenne attendue en 2023, qui permettra la généralisation du transport de tissus humains par drones. Helicus mise sur un développement commercial et des vols réguliers d'ici 2024.

"Face à l'augmentation des coûts des systèmes de santé, des services techniques médicaux onéreux comme des laboratoires peuvent être centralisés au même endroit", permettant aux hôpitaux voisins d'acheminer leurs échantillons, explique Mikael Shamim, patron de l'entreprise Helicus.

Or, "le grand avantage des drones est de combiner la vitesse, en réduisant le temps moyen de transport, et la régularité, qui garantit la fiabilité logistique", fait-il valoir.

Les dirigeantes des deux groupes hospitaliers concernés par ces tests (ZNA et GZA d'Anvers) se préparent déjà à l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation européenne.

"Les délais de livraison sont vitaux, et l'absence d'embouteillages dans les airs assure une durée de vol fiable", indique Els van Doesburg, présidente de ZNA, notant qu'un trajet prenant au mieux 21 minutes en voiture  "prendra 10 minutes en drone".

Cellules cancéreuses détectées en 30 minutes

Les quatre laboratoires des deux réseaux ZNA et GZA doivent traiter chaque année 1200 échantillons prélevés lors d'une opération chirurgicale, qui doivent être analysés de façon urgente, notamment pour y détecter des cellules cancéreuses, afin de déterminer la suite de l'opération. Ils sont acheminés par route, parfois en taxi.

"Lors de l'ablation d'une tumeur, le chirurgien essaie d'épargner le plus possible les tissus environnants, mais pour s'assurer que la tumeur a été complètement retirée, des échantillons sont envoyés au laboratoire pendant la procédure" et les résultats "doivent tomber dans les trentes minutes", souligne la pathologiste des GZA, Sabine Declercq.

En Suisse, le transport d'échantillons d'analyses entre hôpitaux se faisait déjà régulièrement. En juin dernier, la Poste a cependant annoncé qu'elle renoncera  d'ici la fin de l'année au projet de drones autonomes lancé en 2017, faute de rentabilité.

>> Lire aussi : Faute de rentabilité, la Poste renonce aux transports par drones autonomes

Dans le cadre du projet belge, seuls les échantillons destinés à l'analyse (tissus humains, urine, prises de sang) sont pour l'instant concernés par le transport par drone, mais Helicus se penche déjà sur la possibilité d'acheminer des poches de sang ou des organes pour une transplantation.

"Nous avons entrepris des études, mais cela prendra des années, car le défi est plus compliqué: avec un volume plus important, il faut ajouter des éléments de refroidissement", rappelle M. Shamim.

afp/doe

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