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Irak, Syrie, Yémen, Soudan: "il n'y a aucune solution politique en cours"

Yves Daccord, directeur général du CICR. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Yves Daccord, directeur général du CICR / L'invité de la rédaction / 21 min. / le 11 mai 2015
"Ce qui se passe au Moyen-Orient, ce n'est que le début d'une longue révolution", a prévenu lundi Yves Daccord, directeur général du CICR, à la veille de la diffusion du rapport 2014 de l'organisation.

"Aujourd'hui, on est sur de très nombreux fronts et c'est très lourd à gérer", a déclaré lundi Yves Daccord sur les ondes la RTS. Le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge a ensuite cité une série d'opérations dont les coûts dépassent les cent millions de francs annuels: Syrie, Irak, Yémen, Centrafrique et le Soudan du Sud.

Pour ces pays, "il n'y a aucune solution politique en cours", souligne Yves Daccord, "Ce qui donne peu de perspectives pour les mois, voire les années qui viennent".

A cela s'ajoute un manque de convergences internationales. "Le Conseil de sécurité est dans une incapacité absolue de proposer des solutions", donne-t-il en exemple. Cette absence de conformité, "on le sent tous les jours sur le terrain".

La situation par pays

SOUDAN DU SUD

Avec 120 millions de francs par année, il s'agit du plus gros effort financier du CICR de l'année 2014. Depuis sa naissance en 2011, ce pays est en guerre. En raison des conflits entre ethnies et groupes, il y a de gros déplacements de population. La situation alimentaire et sanitaire est catastrophique. La situation est d'autant plus complexe que la zone à couvrir est vaste et couverte de marais, et qu'elle dispose de peu d'infrastructures.

>> Ecouter le sujet du 12h30 sur la difficulté d'agir au Soudan :

Hôpital de Médecins Sans Frontières à Lankien, Soudan du Sud, 19.01.2015. [EPA/Keystone - Karel Prinsloo/Médecins Sans Frontières]EPA/Keystone - Karel Prinsloo/Médecins Sans Frontières
Situation alimentaire et criminalité alarmantes au Soudan du Sud / Le Journal du matin / 1 min. / le 11 mai 2015

>> Lire aussi : L'ONU se retire, laissant 300'000 civils sans assistance au Soudan du Sud

YEMEN

Yves Daccord espère qu'une trêve humanitaire de cinq jours aura bien lieu dès mardi. "La population a besoin de souffler. Les bombardements sont actuellement très violents", commente-t-il. "Le défi numéro un est de pouvoir accéder aux personnes affectées dans les zones contrôlées par les Houthis comme dans celles qui ont le soutien de la coalition arabe", précise-t-il. Avec MSF, le CICR est la seule organisation humanitaire avec du personnel sur place.

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SYRIE

Tout en faisant attention, le CICR pousse ses limites pas à pas dans ce pays. Les opérations ne se font plus seulement à Damas, mais aussi à Alep, se félicite Yves Daccord, tout en rappelant que "le conflit dégénère".

LA MEDITERRANEE

"En termes de vulnérabilité, il y a des enjeux majeurs dans ces migrations le long des routes en général. La solution ne passe que par une convergence internationale. Il faut aider davantage la Libye et le Liban", estime le directeur. "Ce qui se passe au Moyen-Orient n'est que le début d'une longue révolution", prévient-il.

>> Lire : La Libye réclame l'aide de l'Union européenne contre l'immigration

Yves Daccord assure ne pas être abattu: "Notre rôle est limité, mais une simple présence humaine peut faire des différences gigantesques, et ça, ça nous donne de la force".

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Délocalisation

En raison du nombre et de l'intensité des crises, le CICR décentralise ses services. Un centre informatique vient de s'ouvrir à Belgrade, tandis que la comptabilité est basée à Manille."Notre croissance doit se concentrer sur le terrain", explique Yves Daccord. "Notre méga-structure restera toujours la même, avec Genève comme centre", promet le directeur général.

Le CICR compte 14'500 employés. La moyenne d'âge est de 40 ans. Parmi eux figurent non seulement des médecins, mais aussi des diplomates, des ingénieurs sanitaires, des psychologues, entre autres.