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Les quatre faits marquants des élections européennes de dimanche

Marine Le Pen exulte: le Front national est sorti vainqueur des élections européennes en France, loin devant l'UMP et le PS. [Pierre Andrieu]
Marine Le Pen exulte: le Front national est sorti vainqueur des élections européennes en France, loin devant l'UMP et le PS. - [Pierre Andrieu]
Même si les partis traditionnels ont conservé dimanche leur majorité au Parlement européen, les mouvements europhobes et les nouveaux venus ont bousculé cette hégémonie. Tour d'horizon des principaux enseignements du scrutin.

La poussée de l'extrême droite

L'extrême droite sort renforcée de ces élections européennes. Elle réalise même le meilleur score, tous partis confondus, dans trois pays: la France avec le Front national (24,95% des voix), le Royaume-Uni avec UKIP (26,77%) et le Danemark avec le Parti populaire danois (26,6%). Les néonazis grecs d'Aube dorée (2 eurodéputés) et allemands du NPD (1 élu) réussissent à placer des représentants au Parlement européen.

Ce succès de la droite dure est toutefois à relativiser quelque peu. Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté de Geert Wilders a ainsi perdu du terrain par rapport à 2009 (13,2%, -3,77%), tout comme la Ligue du Nord en Italie (6,15%, -4,05%).

Par ailleurs, ces formations ne réussissent pas toujours à trouver un terrain commun, hormis leur rejet de l'Union européenne. Par exemple, le leader des nationalistes britanniques Nigel Farage a exclu durant la campagne toute alliance avec le parti de Marine Le Pen, jugeant que "l'antisémitisme est dans l'ADN du FN".

Les résultats des partis d'extrême droite:

La percée du mouvement anti-austérité

Les partis opposés aux mesures d'austérité imposées par l'Union européenne ont réalisé de gros scores lors de ces élections, en particulier dans les pays placés sous assistance financière suite à la crise, les fameux "PIIGS" (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne).

En Espagne, plus de la moitié des futurs eurodéputés ont été élus en faisant campagne contre l'austérité, de manière plus ou moins marquée. En Grèce, le parti de gauche radicale Syriza a obtenu le meilleur score, avec 26,6% des suffrages. Au Portugal, le Parti socialiste, qui a fait campagne contre la droite au pouvoir, a quant à lui recueilli 31,45% des voix.

En Italie, malgré le score historique du Mouvement 5 Etoiles, la tendance est moins accentuée, le Parti démocrate au pouvoir bénéficiant de l'"effet Renzi", du nom du nouveau président du Conseil italien Matteo Renzi. En Irlande, le scrutin a été davantage marqué par d'autres enjeux.

Les partis anti-austérité dans les "PIIGS" (en rouge):

L'émergence de nouveaux partis atypiques

Plusieurs nouveaux venus, souvent très critiques de l'Union européenne, ont créé la sensation lors de ces élections européennes, venant déstabiliser l'hégémonie des partis traditionnels.

En Italie, le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo (populiste) a terminé à la deuxième place avec 21,13% des suffrages, plaçant 17 représentants au Parlement européen. En Espagne, le collectif Podemos, issu du mouvement des Indignés, a quant à lui surfé sur le taux de chômage record pour obtenir près de 8% des voix (5 sièges) lors de la première élection de son histoire.

Cette vague concerne aussi les pays moins touchés par la crise. Ainsi, en Suède, l'Initiative féministe réussit à placer une élue au législatif européen avec 5,3% des voix. En Allemagne, le mouvement anti-euro Alternative für Deutschland a quant à lui récolté 7% des suffrages (7 fauteuils).

Quelques nouveaux venus au Parlement européen:

Les difficultés des grands partis

Les grands partis historiques ont été malmenés dans les urnes dans plusieurs pays. En Espagne, le Parti populaire (26,06%, -16%) et le Parti socialiste (23%, -15,5%) subissent tous deux une déroute électorale au profit de petits partis, souvent de gauche. En France, l'UMP (20,79%, -8%) et le PS (13,98%, -2,5%) ont aussi perdu des plumes face au Front national.

En Italie, le Parti démocrate a fortement amélioré son score, mais le centre-droit a perdu énormément de suffrages. Le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi n'a ainsi obtenu que 16,81% des voix, contre 35,26% pour la coalition de centre-droit il y a cinq ans.

La situation est moins grave pour les partis historiques en Allemagne, où la CDU/CSU d'Angela Merkel s'est relativement bien maintenue (35,3%,- 2,6%) et les sociaux-démocrates ont fait beaucoup mieux qu'en 2009 (27,3%, +6,5%). Les libéraux du FDP ont eux perdu 7,5 points à 3,4%. Au Royaume-Uni, les conservateurs et surtout les libéraux-démocrates, les plus fervents européens du pays, ont lâché des voix.

Le bouleversement dans les grands pays:

Didier Kottelat

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