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L'Europe adopte pour la première fois un budget en baisse

Le président de l'Union européenne a eu fort à faire pour trouver un accord sur le budget européen 2014-2020 tant les positions des Etats membres étaient divergentes. [GEORGES GOBET]
Le président de l'Union européenne a eu fort à faire pour trouver un accord sur le budget européen 2014-2020 tant les positions des Etats membres étaient divergentes. - [GEORGES GOBET]
Les dirigeants européens se sont mis d'accord vendredi sur un budget 2014-2020 à 908,4 milliards d'euros, en baisse par rapport aux précédents, alors que le Parlement menace de refuser ce budget "en l'état".

Les dirigeants européens sont parvenus à un accord sur le cadre financier de l'UE pour la période 2014-2020. Ce budget d'austérité, qualifié de "bon compromis", résulte de 24 heures de négociations. Il devra toutefois encore être entériné par le Parlement européen en juillet.

"C'était notre réunion la plus longue, mais cela valait la peine de travailler pour obtenir ce résultats", a dit le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy vendredi. Il juge ce budget à la fois "réaliste et tourné vers l'avenir".

Un budget à 908,4 milliards d'euros

Il englobe 960 milliards d'euros (1181 milliards de francs) en crédits d'engagement, soit le plafond autorisé. La somme correspond à 1% du revenu brut de l'UE.

Le budget comprend en outre 908,4 milliards (1117 milliards de francs) en crédits de paiement, soit les dépenses effectives prévues pour la période.

"La Commission européenne aurait préféré des montants plus élevés, mais c'était le meilleur résultat qui pouvait être atteint à l'unanimité", a déclaré son président, José Manuel Barroso.

David Cameron satisfait

De sources européennes, on a souligné que cela correspond à une baisse de 3% du budget par rapport aux sept années précédentes. De quoi satisfaire les pays exigeant des coupes sévères dans les dépenses, comme le Royaume-Uni, face aux défenseurs d'un cadre plus ambitieux comme la France.

Dès son arrivée à Bruxelles jeudi, le Premier ministre britannique David Cameron s'était montré inflexible. Au final, il obtient satisfaction, avec des crédits de paiement, la mesure la plus concrète pour son opinion publique, en nette baisse. Il a fait part de sa satisfaction d'avoir obtenu un budget "considérablement restreint". Celui-ci "va permettre aux contribuables britanniques d'économiser beaucoup d'argent".

"Un bon compromis", estime François Hollande

Le président français François Hollande a qualifié l'accord de "bon compromis". En terme de crédits de paiement, "les Britanniques voulaient moins de 900 milliards" face à la France qui demandait 913 milliards, a-t-il expliqué.

Avec un montant final de 908,4 milliards d'euros, "chacun dira qui a fait le pas le plus grand", a-t-il dit pour justifier son engagement.

Il s'est ensuite félicité du maintien du budget de la Politique agricole commune (PAC), dont la France est le premier bénéficiaire (lire ci-contre).

afp/ats/jgal

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Le budget à la loupe

La Politique agricole commune (PAC), dont la France est le premier bénéficiaire, gagne un peu plus d'un milliard par rapport à la dernière proposition Van Rompuy en novembre.    

Les fonds de cohésion pour les régions les plus défavorisées, notamment dans les pays de l'Est, obtiennent 4,5 milliards supplémentaires.

Un nouveau fonds pour l'emploi des jeunes sera doté de quelque six milliards d'euros.

L'enveloppe des infrastructures amputée

Pour parvenir à une baisse substantielle du budget pluriannuel sans amputer la PAC et la Cohésion, l'essentiel des coupes sont opérées dans l'enveloppe destinée aux infrastructures.

Elle est amputée de plus de 10 milliards d'euros, à un peu plus de 29 milliards.

Côté recettes, les pays bénéficiant de rabais vont le conserver, dont le Royaume-Uni en premier lieu, mais aussi l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède. Le Danemark obtient la ristourne qu'il demandait.

"En l'état", le Parlement refuse le budget

Les chefs des quatre principaux groupes politiques du Parlement européen (conservateurs, socialistes, libéraux et Verts) ont annoncé vendredi qu'ils refuseraient d'accepter "en l'état" le budget pluriannuel européen.

Selon eux, "cet accord ne renforcera pas la compétitivité de l'économie européenne" mais "ne fera que l'affaiblir".

Ils disent aussi regretter que Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, n'ait pas parlé avec eux ces derniers mois.

Sans l'accord u Parlement, qui se prononcera en juillet, le budget ne pourra pas entrer en vigueur.

 La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté expliqué que seraient négociées avec le Parlement une certaine "flexibilité" du budget ainsi qu'une clause de révision dans deux ans, comme le réclament les eurodéputés.