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L'Iran démarre sa première centrale nucléaire

Le réacteur de la centrale nucléaire de Bushehr, 20 août 2010.
Le réacteur de la centrale nucléaire de Bushehr, 20 août 2010.
Téhéran va mettre en service sa centrale nucléaire de Bouchehr, projet discuté depuis 35 ans, malgré les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Le président iranien Ahmadinejad se dit prêt, vendredi, à de nouvelles discussions avec les puissances occidentales. L'Iran annonce le test d'un nouveau missile.

Le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi a affirmé vendredi que son pays poursuivrait ses activités controversées d'enrichissement d'uranium de façon à pouvoir alimenter la centrale nucléaire de Bouchehr.

L'Iran lance ce week-end sa première centrale nucléaire, construite par la Russie près du port de Bouchehr, dans le sud du pays, en dépit des sanctions internationales contre le programme nucléaire iranien soupçonné de dissimuler des ambitions militaires.

Les techniciens russes et iraniens de la centrale doivent commencer samedi le chargement des 165 barres de combustible dans le réacteur de la centrale, qui sera dès lors officiellement considérée comme une installation nucléaire.

Puissance de 1.000 mégawatts

L'opération, sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), devrait prendre une quinzaine de jours, selon le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi.

Il faudra ensuite un mois et demi pour que le réacteur atteigne 50% de sa puissance, permettant son raccordement au réseau national d'électricité, et six à sept mois pour que la centrale fournisse sa puissance maximale de 1.000 mégawatts.

Le lancement de Bouchehr constitue un succès technologique et politique pour l'Iran, et "une arête en travers de la gorge de ses ennemis", s'est félicité M. Salehi.

Six résolutions contre l'Iran

Cette accession officielle de l'Iran à l'énergie atomique intervient alors que la République islamique est sous le coup de six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions, pour son programme nucléaire et notamment son refus de renoncer à l'enrichissement d'uranium lancé en 2005.

Téhéran justifie la production d'uranium enrichi par la nécessité de disposer de combustible pour ses futures centrales, affirmant vouloir produire à terme 20.000 Mgw d'électricité d'origine nucléaire.

Mais les Occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher, en dépit de ses dénégations répétées, à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.

afp/md

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Un projet discuté depuis 35 ans

Le lancement prévu samedi de la première centrale nucléaire iranienne à Bouchehr (sud) clôt un feuilleton de 35 ans, émaillé de rebondissements, contretemps et retards liés à l'histoire mouvementée de l'Iran.

Le projet, confié initialement à l'Allemand Siemens, démarre en 1975, à l'époque du Shah. Les travaux sont interrompus par la révolution islamique de 1979, et la guerre Irak-Iran (1980-1988).

L'Iran veut relancer le projet à la fin des années 80, mais l'Allemagne convainc Siemens de se retirer à cause des risques de prolifération nucléaire. Téhéran se tourne alors vers la Russie, qui reprend le contrat en janvier 1995 pour construire un réacteur à eau pressurisée de 1.000 mégawatts.

Le contrat signé avec Moscou prévoit une mise en service en 1999, mais de nombreux problèmes vont entraîner 11 ans de retard pour le chantier sur lequel travaillent plusieurs milliers d'ingénieurs et techniciens russes.

Le premier obstacle pour la partie russe est d'accommoder son équipement aux structures de la centrale héritées de l'industriel allemand. Russes et iraniens auront aussi plusieurs différends d'ordre financier sur ce projet estimé à plus d'un milliard de dollars.

Un autre obstacle a été la forte pression exercée par Washington pour convaincre Moscou de ne pas achever la centrale, les Etats-Unis craignant que son entrée en service ne facilite une éventuelle accession de l'Iran à l'arme atomique.

La République islamique est par ailleurs soumise depuis 2006 à un embargo international sur les équipements et technologies nucléaires, dans le cadre de sanctions de l'ONU contre Téhéran pour
son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium.

Moscou obtiendra toutefois une dérogation pour achever Bouchehr en concluant avec Téhéran un accord prévoyant de fournir mais aussi rapatrier en Russie le combustible utilisé par la centrale pour
réduire les risques de prolifération.

De nombreux analystes et diplomates estiment aussi que la Russie a retardé l'achèvement de la centrale pour conserver un moyen de pression sur l'Iran, notamment pour l'obliger à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La presse et certains responsables iraniens ont parfois aussi accusé la Russie d'avoir ralenti les travaux pour des "raisons politiques".

Ahmadinejad se dit " prêt à des discussions" et teste un missile sol-sol

L'Iran est prêt à participer immédiatement à des discussions avec les puissances occidentales sur un échange de combustible nucléaire. C'est ce qu'affirme son président Mahmoud Ahmadinejad dans une interview publiée vendredi au Japon.

L'Iran est "prêt à reprendre fin août ou début septembre" les discussions avec le groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) au sujet de la fourniture de combustible pour son réacteur de recherche médicale, déclare le président iranien au quotidien "Yomiuri Shimbun".

Il laisse entendre que Téhéran pourrait suspendre son programme controversé d'enrichissement d'uranium en cas d'accord. "Nous promettons de stopper l'enrichissement à 20% si la fourniture de combustible est assurée", dit-il dans cette interview réalisée à Téhéran et publiée en japonais.

Par ailleurs, l'Iran a procédé au tir d'essai d'un missile sol-sol Qiam, a annoncé vendredi le ministre de la Défense Ahmad Vahidi, sans préciser la date du lancement. Aucune précision n'a été donnée sur la portée du missile.

L'Iran dispose actuellement de dizaines de missiles de moyenne portée (2.000 km) et travaille activement à développer sa capacité balistique, à travers notamment un important programme spatial.