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UE: nouvelle volée de sanctions contre l'Iran

Le secteur énergétique sera particulièrement visé par la nouvelle volée de sanctions.
Le secteur énergétique sera particulièrement visé par la nouvelle volée de sanctions.
Les ministres européens des Affaires étrangères ont adopté lundi à Bruxelles des mesures d'une ampleur sans précédent contre l'Iran. Elles s'ajoutent aux quatre trains de sanctions déjà imposés par le Conseil de sécurité de l'Onu au régime de Téhéran en raison de la poursuite de ses activités nucléaires sensibles.

La décision a été finalisée en milieu de journée lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE à Bruxelles, selon des sources diplomatiques.

La palette de mesures, tout en transposant celles adoptées le 9 juin par le Conseil de sécurité de l'ONU - du fait du refus de l'Iran de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium derrières lesquelles l'Occident voit les prémisses de l'arme atomique - vont beaucoup plus loin qu'elles.

Panoplie complète

"Nous disposons d'un éventail complet de sanctions, que nous avons élaboré tous ensemble", avait précisé la Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère Catherine Ashton, avant la rencontre.

Ces mesures vise notamment des biens qui pourraient être utilisés pour le programme nucléaire, et l'industrie du pétrole et du gaz, notamment par "l'interdiction de nouveaux investissements, aide technique et transfert de technologies".

Les compagnies de transport maritime et de fret aérien iraniennes seront placées sur liste noire et interdites de territoire européen. De nouvelles interdictions de visa et un gel d'avoirs iraniens vont être imposés aux gardiens de la Révolution.

L'UE a exporté vers l'Iran des machines, des équipements de transport et des produits chimiques pour un montant de 14,1 milliards d'euros en 2008.

Généralisation des sanctions

"Il s'agira du paquet de sanctions le plus important que l'UE ait jamais adopté contre l'Iran ou contre tout autre pays", souligne un diplomate. Les Etats-Unis, le Canada et l'Australie ont déjà pris des mesures d'une ampleur semblable.

"J'espère que l'Iran a reçu le message. Les pays européens sont ouverts à la négociation sur son programme nucléaire, mais s'il ne répond pas nous allons intensifier la pression", a prévenu lundi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.

"Les sanctions sont l'instrument le plus important pour persuader l'Iran" de négocier à nouveau en vue d'accepter un strict encadrement de son programme d'enrichissement d'uranium, lui a fait écho son homologue italien Franco Frattini.

Il a ajouté avoir rencontré le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki en marge de la récente conférence de Kaboul sur l'Afghanistan: "il m'a dit être prêt à revenir à la table" des négociations.

Méthodes critiquables

L'accord européen sur les sanctions n'a toutefois été accepté qu'à contrecoeur par certains pays de l'UE, comme la Suède. "Les Américains ont des sanctions en place depuis 1979 sans beaucoup d'effet et maintenant nous allons encore au-delà", a regretté son ministre des Affaires étrangères Carl Bildt.

Il a mis en avant "les inconvénients" des sanctions "qui tendent à renforcer les mauvaises personnes, à savoir les réseaux de contrebande souvent proches du régime".

agences/jeh

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Investir pour compenser

L'Iran va investir 46 milliards de dollars (48,3 milliards de francs) dans la construction de nouvelles raffineries pétrolières et dans l'amélioration des complexes existants, a annoncé le vice-ministre du pétrole, Alirez Zeighami, dans un rapport.

Le responsable a ajouté que plus de la moitié de cet investissement, près de 26 milliards de dollars, est uniquement consacrée à la construction de nouvelles raffineries d'ici 2014, date de la fin de l'actuel plan de développement.

Selon le rapport publié sur internet, sur les 26 milliards, environ 8,5 milliards ont déjà été dépensés.

L'Iran est le second plus grand exportateur d'hydrocarbures de l'OPEP, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Mais il dépend fortement des importations de produits pétroliers, et particulièrement d'essence, car sa capacité de raffinage est réduite.

L'Iran importe près de 40% de ses besoins d'essence annuels.

Ankara ne s'alignera pas cette fois

La Turquie appliquera les sanctions votées par l'ONU contre l'Iran mais pas celles décidées par d'autres pays, a affirmé le ministre turc du Commerce Mehmet Simsek lundi dans le Financial Times.

"La facilitation du commerce qui n'a pas été interdit par la résolution de l'ONU devrait et va continuer", a-t-il souligné.

La Turquie, qui a entamé en 2005 des négociations d'adhésion à l'UE, entretient de bons rapports avec son voisin iranien, dont elle importe d'importantes quantités de gaz - entre 15 et 18 millions de m3 par jour via un gazoduc reliant Tabriz à Ankara.

Membre temporaire du Conseil de sécurité de l'ONU, elle a voté en juin contre les sanctions, affirmant privilégier la voie diplomatique.

Le mois précédent, elle avait présenté avec le Brésil et l'Iran une proposition d'accord sur un échange de combustible nucléaire en territoire turc. Cette initiative a été ignorée par les grandes puissances.

Les échanges entre la Turquie et l'Iran se sont élevés en 2009 à 5,4 milliards de dollars (environ 4,2 milliards d'euros), selon les statistiques officielles turques.

La presse iranienne a annoncé samedi la signature par l'Iran d'un contrat d'un milliard d'euros (1,3 milliard de dollars) avec une compagnie turque pour la construction d'un nouveau gazoduc devant exporter quotidiennement 60 millions de m3 de gaz d'ici trois ans en direction de l'Europe.