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Les indépendantistes perdent leur majorité absolue au Parlement de la Catalogne

Pour la première fois depuis plus de dix ans, les indépendantistes catalans perdent la majorité absolue au Parlement régional
Pour la première fois depuis plus de dix ans, les indépendantistes catalans perdent la majorité absolue au Parlement régional / 12h45 / 1 min. / le 13 mai 2024
Les partis indépendantistes, qui dirigent la Catalogne depuis une décennie, ont perdu leur majorité absolue au Parlement régional lors des élections régionales de dimanche. Les socialistes du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez se sont placés en tête du scrutin.

Après le dépouillement de plus de 98% des bulletins, les trois formations séparatistes dont Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) de Carles Puigdemont et ERC (Gauche républicaine de Catalogne) de l'actuel président régional Pere Aragonès, ont obtenu un total de 59 sièges. Ce dernier a annoncé lundi se retirer de la vie politique (lire encadré).

La majorité absolue est fixée à 68 sièges dans un Parlement en comptant 135. Lors du dernier scrutin régional en février 2021, ces trois partis en avaient obtenu 74.

>> Relire : Les indépendantistes conservent la main en Catalogne

Les socialistes devront trouver des alliés

Les socialistes de Pedro Sánchez ont remporté pour leur part 42 sièges, neuf de plus qu'en 2021, et réussi à montrer que le sentiment séparatiste avait marqué le pas en Catalogne, plus de six ans après la tentative de sécession d'octobre 2017.

Mais leur candidat Salvador Illa, ancien ministre de la Santé durant la pandémie de Covid-19, devra trouver des partenaires pour articuler une majorité.

Salvador Illa s'exprime à propos de la réussite socialiste en Catalogne lors des élections régionales, le 12 mai. [AFP - LLUIS GENE]
Salvador Illa s'exprime à propos de la réussite socialiste en Catalogne lors des élections régionales, le 12 mai. [AFP - LLUIS GENE]

Un enjeu d'ordre national

Pedro Sánchez avait fait de cette élection un enjeu central de son mandat. Son but: prouver que la politique de détente qu'il a menée en Catalogne depuis son arrivée au pouvoir en 2018 a porté ses fruits et entraîné une diminution du sentiment séparatiste dans cette région. Celle-ci compte huit millions d'habitants et est l'un des moteurs économiques et industriels du pays.

Cette réussite socialiste est aussi une bouffée d'air pour le Premier ministre, dont le mandat a été fragilisé par l'ouverture d'une enquête judiciaire contre son épouse face à laquelle il a songé à démissionner il y a deux semaines.

Loi d'amnistie

Déterminé à "refermer les blessures" ouvertes par la "crise politique" de 2017, Pedro Sánchez a gracié en 2021 les dirigeants indépendantistes condamnés à la prison. Le dirigeant a accepté l'an dernier de faire adopter une loi d'amnistie pour tous les séparatistes poursuivis par la justice, en échange du soutien de leurs partis à sa reconduction pour un nouveau mandat de quatre ans.

Cette amnistie doit être votée définitivement par les députés dans les prochaines semaines et permettre le retour en Catalogne de Carles Puigdemont. Le chef de file de la tentative de sécession a fui la région en 2017 pour s'installer en Belgique afin d'échapper aux poursuites judiciaires.

Mesure très controversée, elle a fait descendre dans la rue l'opposition de droite et d'extrême droite qui accuse le Premier ministre, soutenu au Parlement espagnol par Junts et ERC, d'être devenu leur "otage" dans le simple but de se maintenir au pouvoir.

Toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt en Espagne, Carles Puigdemont a fait campagne depuis le sud de la France et jouait gros lors de ce scrutin. Il a en effet assuré qu'il se retirerait de la politique locale s'il échouait à retrouver le siège de président régional qu'il occupait en 2017.

>> A lire aussi : En Espagne, Pedro Sánchez et Carles Puigdemont jouent gros dans un scrutin en Catalogne

afp/ami

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Pere Aragonès annonce se retirer de la vie politique

Le président sortant de Catalogne Pere Aragonès a annoncé lundi son retrait de la vie politique au lendemain de la déconvenue électorale des indépendantistes.

Pere Aragonès a précisé sur X avoir informé son parti ERC qu'il renonçait à son siège de député. Il a ajouté qu'il poursuivait le combat pour une Catalogne indépendante.

Pere Aragonès, qui était au pouvoir depuis 2021, a d'ores et déjà prévenu que sa formation ne soutiendrait pas le Parti socialiste, qu'il invite à se rapprocher de Junts. "L'ERC restera dans l'opposition, là où les électeurs nous ont placés", a-t-il dit à des journalistes.

Le président régional Pere Aragones après l'annonce de la perte de la majorité absolue des indépendantistes en Catalogne, le 12 mai. [AFP - JOSEP LAGO]
Le président régional Pere Aragones après l'annonce de la perte de la majorité absolue des indépendantistes en Catalogne, le 12 mai. [AFP - JOSEP LAGO]