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Mirjana Spoljaric, présidente du CICR: "Nous ne savons pas où se trouvent les otages" à Gaza

L’interview de Mirjana Spoljaric Egger, présidente du Comité international de la Croix-Rouge, sur la catastrophe humanitaire en cours à Gaza
L’interview de Mirjana Spoljaric Egger, présidente du Comité international de la Croix-Rouge, sur la catastrophe humanitaire en cours à Gaza / 19h30 / 6 min. / le 14 janvier 2024
Vendredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que les otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas en Israël allaient recevoir des médicaments "dans les prochains jours". Mais cette promesse semble difficile à tenir pour Mirjana Spoljaric Egger, présidente du CICR, puisque l'organisation ignore où ils se trouvent.

Présent dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a 100 jours, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a du mal à remplir correctement sa mission.

>> Le suivi en direct de la guerre au Proche-Orient : Au 100e jour de la guerre à Gaza, la situation humanitaire empire

"Nous n'avons pas assez d'espace humanitaire pour assurer la protection de la population civile et surtout, nous n'avons pas accès aux otages", déplore Mirjana Spoljaric Egger, présidente du CICR, dans le 19h30 de la RTS dimanche.

Promesse de Benjamin Netanyahu

Pourtant, vendredi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis que les otages retenus dans la bande de Gaza allaient recevoir des médicaments sous peu. Alors comment l'organisation humanitaire, qui fait le lien sur le terrain, va-t-elle pouvoir leur distribuer les remèdes dont ils ont besoin, si elle ne sait pas où ils sont?

Sa présidente dit compter sur un accord entre les deux parties du conflit. "Nous avons insisté auprès des deux parties pour qu'elles trouvent un accord selon lequel nous serons capables de savoir où se trouvent les otages et pouvoir accéder à eux afin de leur donner les médicaments."

"Nous ne savons pas où se trouvent les otages", insiste-t-elle en ajoutant qu'elle ne sait pas non plus dans quel état ils se trouvent.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur les familles d'otages en Israël :

En Israël, les familles d’otages continuent de manifester pour exiger le retour des leurs, 100 jours après leur enlèvement par le Hamas
En Israël, les familles d’otages continuent de manifester pour exiger le retour des leurs, 100 jours après leur enlèvement par le Hamas / 19h30 / 1 min. / le 14 janvier 2024

Le Hamas dans le flou sur de nombreux otages

La branche militaire du Hamas a de son côté affirmé dimanche soir que "beaucoup" d'otages "ont probablement été tués récemment" et a imputé "la pleine responsabilité" de leur sort à Israël.

"Le sort de nombreux otages est inconnu depuis les semaines récentes, et les autres sont tous entrés dans le tunnel de l'inconnu", a déclaré Abou Obeida, porte-parole de la branche armée du Hamas dans une allocution télévisée, ajoutant que "beaucoup d'entre eux ont probablement été tués récemment et les autres sont en grand danger", ce dont "la direction de l'ennemi et de son armée porte la pleine responsabilité".

Un CICR prêt mais qui doit attendre

Pour Mirjana Spoljaric Egger, quand bien même il est prêt, le CICR est bloqué à cause des modalités d'accès aux otages.

"Nous avons une liste détaillée des besoins médicaux et nous pouvons livrer des médicaments, mais il faut respecter des modalités pour pouvoir accéder aux otages", explique-t-elle. Les membres du CICR sont en effet "en danger" sur place, "comme tout le monde à Gaza", précise la responsable.

>> Le point dans le 19h30 sur la crise humanitaire à Gaza après 100 jours de guerre :

Souffrant du blocus imposé par Israël depuis 100 jours, la bande de Gaza est plongée dans une crise humanitaire majeure
Souffrant du blocus imposé par Israël depuis 100 jours, la bande de Gaza est plongée dans une crise humanitaire majeure / 19h30 / 1 min. / le 14 janvier 2024

Travail difficile

L'invitée de la RTS déplore aussi les fausses informations qui circulent sur l'action à Gaza du CICR, accusé par Israël et le Hamas de ne pas en faire assez. "Il y a beaucoup de fausses informations qui circulent, nous subissons énormément de critiques injustes et qui nous rendent le travail impossible."

Mais pas de quoi faire baisser les bras au CICR. "Nous sommes là pour rester, c'est sûr", avance Mijana Spoljaric. Selon la responsable, la crise financière que connaît l'organisation, la plus grave de son histoire, ne met pas en péril son travail sur le terrain.

>> Pour aller plus loin, lire aussi : En difficulté financière, le CICR devrait obtenir une aide de 50 millions de la Suisse

Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Julie Marty

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