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Une enquête de l'ONU confirme des crimes contre l'humanité en Ethiopie

Des crimes contre l'humanité et crimes de guerre ont été perpétrés au Tigré, selon l'ONU
Des crimes contre l'humanité et crimes de guerre ont été perpétrés au Tigré, selon l'ONU / 19h30 / 2 min. / le 3 novembre 2021
Des violations équivalentes à des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont été perpétrés au Tigré, selon l'enquête menée par l'ONU et la Commission éthiopienne des droits de l'homme. Toutes les parties sont responsables d'abus, conclut son rapport publié mercredi.

Le conflit au Tigré est marqué par une "brutalité extrême", a dénoncé mercredi la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, en présentant l'enquête menée conjointement avec la Commission éthiopienne des droits de l'homme.

"La gravité des violations et des atteintes que nous avons recensées souligne la nécessité de tenir leurs auteurs responsables, quel que soit leur camp", a estimé Michelle Bachelet à Genève.

Exécutions, torture et abus sexuels

Le rapport publié mercredi porte sur la période de novembre 2020 à fin juin dernier. Elle court du début des affrontements entre les forces éthiopiennes et érythréennes d'un côté, et les séparatistes de la région du Tigré de l'autre, jusqu'au cessez-le-feu unilatéral décidé par le gouvernement.

Les violences vont d'exécutions extrajudiciaires à de la torture, en passant par des déplacements forcés ou des abus sexuels.

Dès le premier mois du conflit, de jeunes Tigréens ont exécuté environ 200 Amhara en deux jours et les forces érythréennes ont tué le 28 novembre de la même manière 100 personnes. Celles-ci ont aussi poussé environ 600 hommes à défiler nus dans la rue sous la menace d'armes quelques mois plus tard.

Pour le rapport, les enquêteurs se sont rendus dans de nombreuses zones du Tigré. Ils ont mené 269 dialogues avec des victimes ou des témoins de violations des droits humains et des dizaines de réunions avec des représentants des autorités, de la société civile ou du personnel médical. Ils ont été confrontés à des défis sécuritaires, opérationnels et administratifs.

>> Les précisions de Tout un monde :

Vue sur une route traversant Mekele, la capitale du Tigré en Ethiopie. [Anadolu Agency via AFP - Minasse Wondimu Hailu]Anadolu Agency via AFP - Minasse Wondimu Hailu
Brutalité extrême et violation des droits de l'homme dans le Tigré en Ethiopie / Tout un monde / 3 min. / le 4 novembre 2021

L'urgence d'un cessez-le-feu bilatéral

Le rapport demande à toutes les parties de mettre un terme aux violations. Il appelle le gouvernement à garantir désormais des investigations rapides et indépendantes pour aboutir à des poursuites. Les autorités érythréennes devraient faire de même avec leurs soldats. Un mécanisme international de préservation des preuves devrait aussi être lancé.

La Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet affirme qu'il est urgent que les parties entendent "les appels répétés à un cessez-le-feu". Elle demande que les responsables des violences soient poursuivis.

De son côté, le chef de la Commission éthiopienne, Daniel Bekele, a précisé que son entité continuait de suivre la situation depuis fin juin. Des indications seront partagées "en temps voulu", a-t-il ajouté.

>> L'interview dans Tout un monde de Roland Marchal, chercheur au CNRS et à Sciences Po Paris et spécialiste de la corne de l’Afrique :

Le chercheur français Roland Marchal sur une photo datant d'août 2015. [AFP - Gregory CALES / Sciences Po]AFP - Gregory CALES / Sciences Po
Guerre en Ethiopie: interview de Roland Marchal / Tout un monde / 6 min. / le 4 novembre 2021

afp/oang

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L'état d'urgence déclaré dans tout le pays

Face à la pression des rebelles du Tigré, le gouvernement éthiopien a déclaré mardi l'état d'urgence dans l'ensemble du pays.

Il a également ordonné aux habitants d'Addis Abeba de se préparer à défendre leurs quartiers, alimentant les craintes d'une poussée des combats vers la capitale.

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) avait annoncé samedi la prise de Dessie et dimanche celle de Kombolcha, deux villes de la région de l'Amhara, voisine du Tigré, situées à un carrefour routier à 400 kilomètres au nord d'Addis Abeba.

Le gouvernement a nié avoir perdu le contrôle de ces villes mais si elle se confirmait, leur prise marquerait une nouvelle étape majeure dans le conflit.

>> Les précisions du correspondant de RTSinfo à Addis Abeba :

Des habitants d'Addis Abeba découvrent les annonces officialisant l'état d'urgence, 03.11.2021. [AFP - Eduardo Soteras]AFP - Eduardo Soteras
L'état d'urgence déclaré dans toute l'Ethiopie face à l'avancée des rebelles / La Matinale / 1 min. / le 3 novembre 2021

>> Lire aussi : Le gouvernement éthiopien déclare l'état d'urgence dans tout le pays