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Le gouvernement éthiopien déclare l'état d'urgence dans tout le pays

Des gens marchent près d'un char de l'armée éthiopienne abandonné sur la route près de Dengolat, au sud-ouest de Mekele dans la région du Tigré, en Éthiopie. [AFP - Yasuyoshi Chiba]
Le gouvernement d'Ethiopie déclare l'état d'urgence dans tout le pays / Le Journal horaire / 21 sec. / le 2 novembre 2021
Le gouvernement éthiopien a déclaré mardi l'état d'urgence dans l'ensemble du pays, qui connaît un regain des combats après que les rebelles tigréens ont revendiqué ce week-end la prise de deux villes stratégiques du nord.

Malgré ses dénégations sur la progression rebelle, le gouvernement a décrété l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire. Cette mesure "vise à protéger les civils contre les atrocités commises par le groupe terroriste TPLF dans plusieurs régions du pays", a rapporté le média d'Etat Fana Broadcasting Corporate.

Le TPLF a annoncé samedi la prise de Dessie et dimanche celle de Kombolcha, deux villes de la région de l'Amhara, voisine du Tigré, situées à un carrefour routier à 400 kilomètres au nord de la capitale Addis Abeba. Ils n'ont pas exclu de marcher sur la capitale.

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Le gouvernement a démenti avoir perdu le contrôle de ces villes, mais si elle se confirmait, leur prise marquerait une nouvelle étape majeure dans le conflit qui les oppose depuis un an aux troupes pro-gouvernementales.. Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l'Ethiopie et l'accès des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain.

Les restrictions envisagées incluent un couvre-feu, la fermeture des routes et la fouille de "toute personne soupçonnée de collaborer avec des groupes terroristes", a précisé Fana BC. L'état d'urgence permet également aux autorités d'enrôler "tout citoyen en âge de combattre et possédant une arme" ou de suspendre tout média soupçonné d'apporter "un soutien moral direct ou indirect" au TPLF, a ajouté le média. Les législateurs doivent approuver cette mesure dans les 24 heures.

Opposition américaine

Plus tôt dans la journée de mardi, les autorités d'Addis Abeba ont demandé aux cinq millions d'habitants de la capitale de faire enregistrer leurs armes à feu dans les deux jours et de se préparer à défendre la ville. Ce récent regain des combats inquiète la communauté internationale, qui a renouvelé ces derniers jours ses appels à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix.

Mardi soir, l'ambassade des États-Unis a diffusé un message conseillant à ses ressortissants de ne pas se rendre en Éthiopie et à "ceux qui sont actuellement en Éthiopie de se préparer à quitter le pays". L'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique Jeffrey Feltman avait affirmé plus tôt que Washington s'opposait "à tout mouvement du TPLF vers Addis ou toute action visant à assiéger Addis".

Les Etats-Unis ont également annoncé qu'ils supprimaient d'importants avantages commerciaux accordés à l'Ethiopie, en raison de "violations flagrantes des droits humains internationalement reconnues, perpétrées par le gouvernement éthiopien et d'autres factions [...] dans le nord de l'Ethiopie", selon un communiqué de la représentante américaine au commerce.

L'Ethiopie s'est dite extrêmement déçue par cette décision qu'elle souhaitait voir "annulée".

agences/iar

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Un conflit qui s'enlise

Débuté en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation depuis ces derniers mois. Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l'armée dans la région pour destituer les autorités locales dissidentes issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires fédérales.

>> Relire : L'Ethiopie affirme avoir pris le contrôle de Mekele, capitale du Tigré

Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l'essentiel de la région, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont ensuite poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.

Les douze mois de conflit ont été marqués par de nombreux récits d'exactions, notamment sur les civils, et ont plongé le nord de l'Ethiopie dans une grave crise humanitaire, avec plusieurs centaines de milliers de personnes vivant dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.