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L'ultra-rigorisme taliban fait son retour en force en Afghanistan

Beaucoup d'Afghanes redoutent un retour au régime imposé dans les années 1990 (image d'illustration). [AP/Keystone - Rahmat Gul]
Alors que les talibans progressent en Afghanistan, les Occidentaux évacuent / La Matinale / 18 sec. / le 15 juillet 2021
Depuis le début du retrait des forces étrangères en Afghanistan, les talibans reconquièrent progressivement de vastes territoires. Et ils imposent déjà leurs règles, comme la barbe obligatoire pour les hommes et la tutelle pour les femmes.

Quelques jours après s'être emparés d'un district isolé de la province de Takhar dans le Nord de l'Afghanistan, les talibans ont annoncé dans une lettre à l'imam local les nouvelles règles en vigueur.

Elle "disait que les femmes ne pouvaient aller au marché sans un accompagnateur masculin et que les hommes ne devaient pas raser leur barbe", a expliqué à l'AFP un jeune habitant du district de Kalafgan, tombé récemment aux mains des insurgés. Fumer est désormais interdit, a-t-il poursuivi, et les talibans ont averti qu'ils "s'occuperaient sérieusement" de quiconque violerait ces règles.

Des régions épargnées lors du régime taliban

Depuis que les forces étrangères ont entamé au début mai leur départ définitif du pays, prévu pour s'achever d'ici à la fin août, les talibans ont pris le contrôle de vastes territoires ruraux dans le pays et de postes-frontières clés avec l'Iran, le Turkménistan et le Tadjikistan.

Ils ont notamment pris pied dans certaines zones du nord, comme la province de Takhar, qu'ils n'avaient jamais contrôlées du temps où ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001. Ces régions n'avaient donc jamais connu l'interprétation ultra-rigoriste de la charia alors instaurée par les "étudiants en religion".

>> L'interview dans Forum de Robert Mardini, directeur général du CICR :

Robert Mardini deviendra en mars le nouveau directeur général du CICR. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Les aides humanitaires quittent l'Afghanistan: interview de Robert Mardini / Forum / 8 min. / le 17 juillet 2021

L'ordre des talibans nous a terrifiées"

Le premier poste-frontière important saisi par les insurgés, en juin, a été celui de Shir Khan Bandar, frontalier du Tadjikistan, un axe névralgique pour les relations économiques avec l'Asie centrale.

"Après que Shir Khan Bandar est tombé, les talibans ont ordonné aux femmes de ne pas sortir de leur maison", a raconté une jeune femme de 24 ans qui travaillait alors dans une usine de la ville. "Beaucoup de femmes et jeunes filles travaillaient dans la broderie, la couture ou fabriquaient des chaussures (…) L'ordre des talibans nous a terrifiées", a-t-elle souligné par téléphone.

Femmes forcées à épouser des combattants?

Cette semaine, un communiqué attribué aux talibans a circulé sur les réseaux sociaux, ordonnant aux villageois de marier leurs filles ou veuves aux combattants du mouvement. Ce texte a fait resurgir le souvenir des édits du ministère pour la promotion de la vertu et la répression du vice, qui faisait régner la terreur durant leur régime.

Mais les talibans, qui veillent à afficher une image plus modérée, à mesure qu'ils étendent leur mainmise et se rapprochent d'une possible nouvelle conquête du pouvoir, ont nié avoir publié ce communiqué, le qualifiant de propagande.

afp/oang

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Les talibans proposent un cessez-le-feu

Les talibans ont proposé un cessez-le-feu de trois mois, en échange de la libération de 7000 de leurs prisonniers par les autorités afghanes, a indiqué jeudi un membre de l'équipe gouvernementale de négociations avec les insurgés.

"C'est une exigence considérable", a déclaré à la presse Nader Nadery, ajoutant que les talibans demandaient également que les noms des dirigeants du mouvement soient retirés d'une "liste noire" de l'ONU.

Pas de vol spécial pour les citoyens suisses

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi l'évacuation prochaine des Afghans qui ont aidé l'armée américaine.

Côté suisse, seuls 28 citoyens résidant en Afghanistan sont actuellement enregistrés auprès des services consulaires, selon le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

La grande majorité d'entre eux travaillent pour des organisations internationales, des ONG ou dans l’humanitaire.

Ils dépendent ainsi du dispositif de sécurité de leur employeur, estime le DFAE. Pour l’heure il n’est donc pas question de vol spécial de rapatriement vers la Suisse.

>> Les précisions de Benjamin Luis dans La Matinale :

Les citoyens suisses en Afghanistan sont notamment des humanitaires. [AFP - Aref Karimi]AFP - Aref Karimi
Pas de vol spécial pour les citoyens suisses basés en Afghanistan / Le Journal horaire / 1 min. / le 15 juillet 2021

>> Lire aussi : La France appelle tous ses ressortissants à quitter l'Afghanistan