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Des producteurs suisses parmi les chocolatiers les plus durables, mais tout n'est pas rose

Lapins et oeufs en chocolat. [Fotolia - Africa Studio]
Les producteurs de chocolat classés sur la base de leur durabilité / La Matinale / 1 min. / le 20 mars 2024
Des ONGS, dont WWF, ainsi que des universités et entreprises ont classé 85 entreprises, détaillants et transformateurs de chocolat sur leur durabilité. Du côté des producteurs suisses, il y a quelques bons élèves. Mais pour l'expert en matières première agricole au WWF Suisse Romain Deveze, le bilan global est mitigé.

Deux producteur suisses se placent en haut de la liste: Halba, la marque de Coop, en troisième position sur 38 du classement des "grands" producteurs et Choba Choba, quatrième sur les neuf du classement des "petits" producteurs.

Ils obtiennent tous deux des résultats bons ou encourageants en matière de traçabilité, de conditions de travail des employés et d’impact environnemental, qui repose notamment sur la déforestation.

Nestlé a progressé, selon les données publiées mercredi. "L'entreprise mise davantage sur la traçabilité et un revenu suffisant pour vivre, ce qui lui vaut la huitième place" parmi les grands producteurs, précise WWF Suisse dans son communiqué.

Lindt und Sprüngli a aussi progressé dans la catégorie de la protection contre la déforestation et se classe à la vingtième place.

Déforestation et conditions de travail inéquitables

Malgré ces quelques résultats encourageants, le bilan global est plus nuancé, d'après l'analyse de Romain Deveze, expert en matières premières agricoles au WWF Suisse.

"C’est un bilan qui est mitigé dans le sens où la déforestation continue, où il n’y a pas de vrais engagements quant à la juste rémunération des producteurs. On voit que dans les indicateurs, on est toujours 'moyen'", indique-t-il dans La Matinale mercredi.

Dans son communiqué, WWF Suisse assure que le chocolat "a sa part d’ombre". Si cette industrie est une source de revenus importante pour de nombreuses personnes, "elle est aussi, depuis longtemps, synonyme de déforestation, d’appauvrissement de la biodiversité et de conditions de travail inéquitables".

L'ONG donne l'exemple du Ghana et de la Côte d’Ivoire, d’où proviennent 75% du cacao utilisé dans le monde, et où plus de 80% des forêts ont déjà été déboisées. "Sur ce nombre, un tiers des arbres ont été coupés pour faire de la place aux plantations de cacao. C’est une conséquence directe des revenus, souvent insuffisants, des cultivateurs, contraints de produire toujours plus pour survivre", est-il précisé.

>> Lire également : Le WWF dénonce le rôle du chocolat suisse dans la déforestation à l'étranger

Grands groupes: mauvais élèves

Romain Deveze estime que certains "grands groupes ont du mal à montrer un chemin pour une production responsable de cacao".

Parmi eux, Delica, qui appartient à Migros, est 29ème sur les 38 producteurs classés, soit dans la moyenne basse du classement. L'utilisation des pesticides et la rémunération juste des producteurs sont les points sur lesquels l'entreprise doit faire le plus d'efforts, selon l'étude.

Contactée, Migros prend note de sa position dans le classement et s'engage à prendre des mesures. Le groupe précise aussi s'appuyer sur les différentes règles internationales des organismes de surveillance.

Mathilde Salamin / juma

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