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Christoph Aeschlimann, directeur de Swisscom: "Le réseau mobile, c'est comme le réseau routier"

Christoph Aeschlimann, directeur général de Swisscom
#Helvetica: Christoph Aeschlimann, CEO de Swisscom / #Helvetica / 19 min. / le 4 mai 2024
Le directeur général de Swisscom Christoph Aeschlimann évoque samedi dans l'émission Helvetica le développement de la 5G et les besoins grandissants en bande passante. Il revient aussi sur l'obligation de prévoir l'accès de ses concurrents à son réseau de fibre optique.

Géant du marché des télécoms détenu en majorité par la Confédération, Swisscom développe son réseau d'antenne 5G pour les téléphones portables.

Et ce n'est pas un long fleuve tranquille, à entendre Christoph Aeschlimann: "Il y a toujours de l'opposition, surtout localement", déclare le patron de l'ex-régie fédérale depuis juin 2022.

"Mais on avance avec la construction de la 5G. Nous couvrons aujourd'hui 82% de la population. C'est déjà un bon progrès, mais cela reste un sujet d'inquiétude, parce qu'il faut beaucoup d'efforts pour construire plus d'antennes. Et on ne peut pas utiliser les antennes de façon correcte parce que les limites sont très sévères en Suisse. Cela nous oblige à construire encore davantage d'antennes, ce qui n'est dans l'intérêt de personne", développe-t-il.

Si vous doublez le trafic chaque deux ans, vous aurez des bouchons

Christoph Aeschlimann

L'ingénieur en informatique diplômé de l'EPFL, âgé de 47 ans, rappelle à ce titre que les besoins ne font qu'augmenter, notamment en raison de la consommation de vidéos.

"L'utilisation de bande passante double presque tous les deux ans. Le réseau mobile, c'est comme le réseau routier. Si vous doublez le trafic chaque deux ans, vous aurez des bouchons à un moment donné. Il faut donc construire plus de routes, plus d'antennes."

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Une décision sur la fibre contestée

Swisscom s'étend aussi sous terre grâce à la fibre optique. Et dans ce domaine-là, l'entreprise s'est fait taper sur les doigts fin avril par la Commission de la concurrence.

La Comco a infligé à l'ex-régie fédérale une amende de 18 millions de francs pour avoir violé le droit des cartels dans le développement de son réseau.

L'entreprise a, selon le gendarme de la concurrence, privé ses concurrents de l'accès à son infrastructure en changeant la conception de son câblage en 2020. En plus de la sanction financière, la Comco a sommé Swisscom de construire un réseau de fibre utilisable par des tiers.

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La société, dont le siège se trouve à Berne, a qualifié dans un communiqué la décision de la Comco "d'incompréhensible".

D'après elle, la technologie choisie permettait toujours à tous les concurrents "de se procurer chez Swisscom de manière non discriminatoire un flux de données jusqu’à un raccordement spécifique". L'entreprise estime également que le déploiement de la fibre s'en trouve retardé, car les coûts des travaux vont augmenter.

Considérant "avoir agi de manière adéquate au regard du droit de la concurrence", Swisscom a annoncé cette semaine faire appel de la décision de la Comco auprès du Tribunal administratif fédéral.

Une question d'anticipation

Christoph Aeschlimann rappelle samedi que l'entreprise a changé de méthode de construction il y a un an et demi déjà. Le but: se conformer "proactivement" aux directives de la Comco, et ce quand bien même, selon lui, "il n'est pas démontré que [ses membres] ont raison".

On ne peut pas se permettre d'attendre 16 ans dans la construction d'un réseau

Christoph Aeschlimann, directeur général de Swisscom

Christoph Aeschlimann maintient que la méthode choisie à l'origine était la bonne: "Nous voulions construire comme 90% de la planète construit. C'est une version simplifiée, avec une fibre qui va [depuis un central de quartier] jusque dans la rue et, depuis celle-ci, une fibre qui va dans chaque maison. Cela correspond plus ou moins au standard mondial de construction et permet de construire moins cher et plus rapidement", argumente-t-il. "Maintenant, la Comco nous oblige à mettre une fibre [pour chaque logement] à partir de centraux [de quartier], comme était construit le réseau en cuivre. Cela va coûter plus cher et prendre plus de temps", déplore le patron de Swisscom.

Propos recueillis par Philippe Revaz

Texte web: Antoine Michel

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