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De plus en plus de Suisses se soignent à l'étranger pour réduire leurs factures

De plus en plus de Suisses vont se faire soigner à l'étranger
De plus en plus de Suisses vont se faire soigner à l'étranger / 19h30 / 2 min. / le 19 septembre 2019
Alors que les coûts de la santé prennent une part croissante dans le budget des ménages, de plus en plus de Suisses vont consulter à l'étranger où la facture est moins élevée, notamment dans les domaines dentaires et ophtalmiques.

En Suisse, l'accès à certains soins tient du luxe. Plus de 20% de la population a déjà renoncé à une consultation médicale pour des raisons financières, selon les derniers chiffres de l'OCDE. En Espagne, en France ou encore en Turquie: les Suisses sont de plus en plus nombreux à aller se soigner à l'étranger, précisément où la facture est moins élevée.

Cette tendance touche essentiellement les soins qui ne sont pas couverts par l'assurance de base, comme la chirurgie des yeux ou les interventions dentaires. Ainsi, 22% des Suisses ont déjà consulté hors des frontières, selon un sondage de l'institut Démoscope commandé par la Société suisse des dentistes en 2018.

C'est le cas de Maurizio, qui est allé se faire opérer des dents à Barcelone: "Quand j'ai vu le devis pour un implant en Suisse, ça a été un choc. En parallèle, ma caisse maladie m'a informé qu'il était possible de faire un même traitement à l'étranger pour moins cher. Je n'ai pas hésité."

Certains assureurs proposent ainsi des réductions sur les voyages médicaux. Cet habitant du Jura bernois est passé par Novacorpus, un intermédiaire partenaire de son assurance.

Pression sur les cabinets suisses

Depuis 2008, Novacorpus a déjà envoyé plus de 2000 patients se faire soigner à l'étranger. Selon Stéphane de Buren, directeur général de la société, les raisons de ce succès sont simples: "Les gens peuvent faire jusqu'à 80% d'économie en faisant une heure ou à peine plus d'avion. Les hausses continues des primes maladie qui péjorent la classe moyenne expliquent aussi cette tendance."

Cette délocalisation des soins fait pression sur les cabinets médicaux suisses. Les nombreux praticiens installés de l'autre côté de nos frontières en sont les premiers bénéficiaires. "C'est vrai, il y a un effet d'opportunité de la part de collègues qui viennent se masser près de la frontière. C'est connu à Schaffhouse, à Genève ou encore à Lausanne avec la proximité de Divonne-les-Bains du côté français. Pour nous démarquer, il faut qu'on soit meilleurs sur d'autres plans que les coûts", affirme le docteur Olivier Marmy, membre du comité de la Société suisse des médecins-dentistes.

Réduction des coûts

Cette concurrence demeure toutefois une piste pour réduire les coûts de la santé. Il y a deux ans, un rapport d'experts commandé par la Confédération proposait déjà de décloisonner les remboursements de l'assurance de base.

SantéSuisse, l'association faîtière des assureurs-maladie, est elle favorable à l'idée de casser le principe de territorialité LAMal, comme l'explique son porte-parole Christophe Kaempf: "On verrait d’un assez bon œil que les gens puissent acheter leurs médicaments à l’étranger et que ceux-ci soient remboursés. Nous le demandons au monde politique. Pour le moment, on ne nous a pas donné raison sur cet aspect-là. On pourrait tout à fait rembourser les médicaments. Pour les consultations, la question est plus ouverte mais cela pourrait faire du sens pour les gens qui habitent dans des régions frontalières."

Estelle Braconnier/kg

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