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Prêtre pédophile: mea culpa de l'Eglise

Nicolas Betticher a parlé dimanche de "complicité" de l'Eglise
Nicolas Betticher parle de "complicité" de l'Eglise
Pour la première fois, un membre de la hiérarchie catholique, Nicolas Betticher, reconnaît la responsabilité de l'Eglise dans l'affaire du prêtre pédophile qui a sévi en Suisse romande à la fin des années 80.

Dans une interview publiée dans "Le Matin Dimanche", Nicolas
Betticher, official de l'Evêché de Lausanne, Genève et Fribourg,
parle même de "complicité".

L'Evêché sait depuis 1989 au moins que le prêtre capucin a violé
au moins un enfant, mais n'a jamais dénoncé ces agissements à la
justice civile. L'Eglise a préféré déplacer l'abuseur en France, où
il est à nouveau passé à l'acte.

"Omerta épouvantable"

"Il est évident que la procédure n'a pas été faite correctement
à l'époque. Sinon, il n'y aurait peut-être pas eu de récidive",
admet Nicolas Betticher dans le "quotidien orange". "Le mot
complicité me fait mal pour l'Eglise que j'aime, mais c'est vrai",
lâche même l'ancien chancelier de l'Evêché, qui porte les habits
d'official depuis le début de l'année.



"Monseigneur Bernard Genoud n'était pas évêque à l'époque et je
n'étais pas là", précise Nicolas Betticher. "Il y avait en ce
temps-là une omerta épouvantable." Les choses ont changé depuis,
assure-t-il.



"Nous avons désormais une procédure très stricte. Dès que
l'official est informé de soupçons, il doit immédiatement mener une
enquête ecclésiale. Si les faits sont avérés, il demandera au
prêtre de se dénoncer. Si ce dernier refuse, il le fera
lui-même."

Hotline en place

La justice française se réserve le droit de lancer un mandat
d'arrêt international contre le prêtre. Parallèlement à ce volet
français, la police jurassienne enquête également pour savoir si le
religieux a commis des abus en Suisse qui ne seraient pas
prescrits. Elle transmettra ensuite ses conclusions au Ministère
public qui pourra le cas échéant ouvrir une procédure et demander
l'arrestation du suspect.



Dans "Le Matin Dimanche", Nicolas Betticher demande aussi aux
Suisses qui ont connaissance de cas similaires de le faire savoir à
l'Eglise. Celle-ci ne connaît pas de prescription, ajoute-t-il. Une
Hotline existe et les demandes seront traitées
confidentiellement.



ats/boi

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Rappel des faits

Le prêtre a avoué avoir violé à plusieurs reprises un enfant à Fribourg à la fin des années 1970.

Le religieux avait ensuite été envoyé en France.

Le prêtre pédophile est revenu en Suisse en 2005 et vit actuellement au couvent de Montcroix à Delémont.

Cet homme de 67 ans a avoué avoir récidivé à plusieurs reprises en Suisse romande et en France.

Il a été interrogé le 14 janvier dernier par la police cantonale jurassienne sur demande de la justice française.

Le prêtre a à cette occasion reconnu s'être livré à des attouchements sexuels sur un mineur en 1992 dans la région de Grenoble (F).

La victime était son neveu de 12 ans, a indiqué la justice française.

Tolérance zéro

Invité par le 19:30 de la tsr, Nicolas Betticher a reconnu "le lourd silence de l'Eglise" - une "réaction spontanée" - et souhaite que l'on puisse tirer une leçon de tout cela.

Il a rappelé que conformément à des directives de 2002 des évêques suisses, l'Eglise, qui ne connaît pas de prescription, travaille désormais pour un double objectif: "tolérance zéro" et "risque zéro".

Pour ce faire, il a rappelé qu'une enquête sera ordonnée d'abord à la justice ecclésiale puis à la justice civile lors d'un soupçon d'agisssement pédophile d'un prêtre afin de déterminer la vérité.