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Les médias romands et alémaniques divisés sur la prestation de Trump

Donald Trump lors de son discours à Davos le 26 janvier. [AP/Keystone - Evan Vucci]
Donald Trump lors de son discours à Davos le 26 janvier. - [AP/Keystone - Evan Vucci]
La presse suisse est partagée sur la venue du président américain Donald Trump au WEF. Pour certains médias, il n'a été qu'un "camelot" venu vendre l'Amérique aux investisseurs. Pour d'autres, c'est "un génie du marketing".

Le Temps, comme toute la presse romande, se situe dans la première catégorie. Si, écrit-il, dans la première partie du Forum économique mondial (WEF), "nombre d'intervenants se sont inquiétés de la fragmentation du monde (...) tout a basculé vendredi" avec le discours de Donald Trump. S'attribuant tous les mérites, le président américain s'est "transformé en camelot, venu vendre sa réforme fiscale et dénoncer les réglementations", poursuit le quotidien. Son discours était "aussi fade que puéril".

Macron a pris toute la lumière selon Le Temps

Le journal lémanique place le point fort de la semaine lors de l'intervention mercredi du président français Emmanuel Macron. Il "a pris toute la lumière grâce à sa vision très articulée d'un projet politique en même temps libéral et social", ajoute Le Temps, regrettant toutefois une édition "qui a pris trop de chemins de traverse pour donner une impression de cohérence".

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"A l'applaudimètre, c'est certain, il n'y a pas eu photo", relève La Liberté, qui note que le chef d'Etat français a eu droit à une ovation debout, alors que les applaudissements pour son homologue américain étaient "brefs et polis". Pour le quotidien fribourgeois, "le grand oral du chantre du "America First" s'est transformé en bouillon réchauffé", avec des engagements maintes fois rappelés sur la dérégulation et la réforme du système commercial international, "précédés d'un énième autosatisfecit pour les "énormes résultats" obtenus après seulement une année".

"Vendre l'Amérique aux investisseurs" pour la Tribune

A l'instar du Temps, La Tribune de Genève n'a remarqué en Donald Trump qu'un "'businessman protectionniste" venu dans la station grisonne "pour vendre l'Amérique aux investisseurs". Le quotidien genevois le compare aux exposés d'Angela Merkel et d'Emmanuel Macron: "Aucun des deux chefs d’État n’est prêt à sacrifier aux dieux de la croissance ses valeurs humanistes, sociales et environnementales d’un côté, l’ouverture sur le monde de l’autre. Donald Trump, oui."

Tout ça pour ça, s'émeut pour sa part le Blick, qui compare le déploiement logistique spectaculaire pour la venue du 45e locataire de la Maison-Blanche à son discours si peu spectaculaire. Donald Trump "a présenté son pays comme un publicitaire sous speed". Pourtant, reconnaît le journal zurichois, "la participation du président américain a été bonne pour le WEF, pour Davos, pour la Suisse. Le WEF n'a jamais été d'aussi haute tenue que cette année".

"Une bonne performance" pour la NZZ

Au contraire des médias romands, la Neue Zuercher Zeitung estime que "Donald Trump a fait une bonne performance à Davos et s'est montré devant les élites présentes au WEF inhabituellement optimiste (...) Les pays de l'UE et la Suisse doivent faire attention à ne pas se laisser distancer (...) Les Etats-Unis ont une attitude beaucoup moins coincée avec l'entrepreneuriat". Le journal libéral appelle l'Europe et la Suisse à résoudre leurs problèmes structurels et à oser de véritables réformes.

Pour la Basler Zeitung, "Donald Trump est un génie du marketing (...) Rarement un visiteur a attiré autant l'attention à Davos, rarement un hôte a provoqué pour Davos et pour la Suisse un intérêt aussi grand dans le monde". Le journal loue également l'attitude du président de la Confédération helvétique, Alain Berset, qui a accueilli son homologue américain en tant qu'homme d'Etat. Le socialiste fribourgeois, le fondateur et président exécutif du WEF, Klaus "Schwab - et Donald Trump - ont rendu de grands services à notre pays".

L'élite sous un mauvais jour selon le Tages Anzeiger

Le Tages-Anzeiger remarque, quant à lui, que le président américain a été très applaudi. "L'attitude dévote nuit cependant à la réputation de l'événement", s'inquiète le journal. "La volonté manifeste de suivre le programme nationalo-égoïste du président américain pour simplement accroître les opportunités d'affaires a fait apparaître l'élite des affaires sous un mauvais jour".

ats/jc

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