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Le fondateur de la Migros, Gottlieb Duttweiler, est décédé il y a 50 ans

Gottlieb Duttweiler, un style et un modèle économique uniques.
Outre la Migrios, Gottlieb Duttweiler s'est également lancé dans la politique.
Gottlieb Duttweiler, fondateur de la Migros, est décédé il y a 50 ans. L'homme avait révolutionné le commerce de détail en démarrant son commerce sur l'idée de la coopérative avec cinq magasins ambulants.

Avec cinq camions, il a révolutionné le commerce de détail en Suisse. Il y a un demi-siècle ce vendredi que Gottlieb Duttweiler, fondateur de Migros, politicien et visionnaire, est décédé à l'âge de 74 ans à Zurich.

Nombre de ses idées perdurent toujours. Migros a certes renoncé à ses magasins ambulants, qui allaient de village en village. Mais elle reste aujourd'hui basée sur l'idée de la coopérative, donne encore annuellement un pour cent de son chiffre d'affaires aux institutions culturelles, et ne vend toujours pas sous son enseigne de tabac ni d'alcool, principes chers à son fondateur.

Brève expérience au Brésil

Rien ne laissait présager dans les jeunes années de Gottlieb Duttweiler, né en 1888, qu'il révolutionnerait fondamentalement le commerce de détail suisse. Le Zurichois est passé par un apprentissage commercial chez l'épicier Pfister & Sigg, dont il deviendra le partenaire quelques années plus tard. Mais au début des années 20, l'affaire est mise en liquidation. Gottlieb Duttweiler tente alors sa chance à l'étranger et gagne le Brésil avec sa femme Adèle, qu'il avait épousée en 1913, pour diriger une plantation de café. Mais après un an seulement, l'aventure a pris fin.

De retour en Suisse, âgé de 37 ans, il lance un nouveau projet. Avec 100'000 francs de capital de départ, il achète cinq camions Ford pour les envoyer sur les routes zurichoises. A l'origine, ces magasins roulants n'offraient que six produits de base: café, riz, sucre, pâtes alimentaires, graisse de coco et savon de Marseille. La Migros était née.

Ses produits étaient en partie nettement meilleur marché que ceux de la concurrence. Mais pour Gottlieb Duttweiler, l'argent n'était pas une fin en soi, et il avait fait son credo du principe que l'être humain, pas l'argent devait donner le ton à la vie économique.

Accusé d'être le fossoyeur des petits commerces

Mais alors nombre de gens profitaient des prix avantageux de Migros, d'autres ont vu leur gagne-pain disparaître, et ont accusé la coopérative d'être devenue le fossoyeur des petits magasins. Des détaillants mais aussi des fabricants d'articles de marque se sont rebiffés, allant jusqu'à refuser de livrer leurs produits à Migros.

La marche en avant ne pouvait toutefois plus être stoppée. Au contraire même, la polémique fit de la publicité à Migros. Et Gottlieb Duttweiler a rapidement étendu les activités de son groupe. Vers 1935, il s'attaque à la branche du voyage avec Hotelplan et dans les années 50, il lance - entre autres - le distributeurs de carburants et mazout de chauffage Migrol, ainsi que la banque Migros.

En pleine Deuxième Guerre mondiale, il a légué l'oeuvre de sa vie à ses clients, en transformant sa société par actions en coopérative. Sans descendance, il a voulu de la sorte empêcher un rachat en contradiction avec ses principes. Aujourd'hui, Migros compte plus de deux millions de coopérateurs.

A noter enfin qu'un hommage tardif lui a été fait en 2007 avec le film documentaire de Martin Witz "Dutti der Riese".

ats/jzim

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Une carrière politique également

Alors que ses affaires prospéraient, Gottlieb Duttweiler s'est aussi tourné vers la politique, fondant son propre parti, l'Alliance des Indépendants (Adl), qui disparaîtra toutefois de la scène en 1999. Le fondateur et patron de Migros a ainsi siégé pratiquement de 1936 jusqu'à sa mort au Conseil national ou au Conseil des Etats.

Et il ne s'est pas toujours plié aux règles communément admises. Parce que le Conseil national a traîné plus de quatre ans pour traiter ses interventions sur le thème de l'approvisionnement du pays, il fracasse en 1948 une vitre du Palais fédéral en y lançant deux pierres. Gottlieb Duttweiler a choqué plus d'une fois avec ses idées et principes. "Qui combat pour les faibles a les forts comme ennemis", a-t-il un jour déclaré.

Taxé de comédien par ses adversaires, il s'est souvent senti incompris, surtout dans ses dernières années.