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Vera Weber: la loi sur l'électricité "va affaiblir la protection de la nature en Suisse"

L'invitée de La Matinale - Vera Weber, présidente de la fondation Franz Weber
L'invitée de La Matinale - Vera Weber, présidente de la fondation Franz Weber / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 22 mai 2024
Vera Weber, présidente de la Fondation Franz Weber, milite contre la loi sur l'électricité, qui sera soumise au vote le 9 juin. Soutenue par la plupart des grandes organisations environnementales et les partis politiques, sauf l'UDC, cette loi "va affaiblir la protection de la nature en Suisse", estime-t-elle dans La Matinale.

Vera Weber a décidé de lancer un référendum contre la loi fédérale sur l’électricité, qui veut un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables, "pour protéger la nature en Suisse", déclare-t-elle dans La Matinale de mercredi.

Cette loi va en effet affaiblir la protection de la nature en Suisse, selon elle. "Elle va rendre possible de défricher plus facilement des forêts, de placarder nos Alpes de panneaux solaires. C'est une écologie contre nature. On veut produire davantage d'énergie renouvelable, ce qui est tout à fait louable et ce que nous prônons nous aussi, mais pas en sacrifiant la nature."

Il n'y a aucune raison de mettre à mal la nature pour développer les énergies renouvelables

Vera Weber

Potentiel déjà construit

"Il n'y a aucune raison de sacrifier un seul mètre carré de nature, puisque nous avons un potentiel énorme sur les toits, les infrastructures existantes pour placer des panneaux solaires", relève encore la protectrice de la nature. "Pourquoi aller dans la nature alors que nous avons 1500 km d'autoroute, 5300 km de réseau ferroviaire? Nous pourrions utiliser toutes ces infrastructures pour les placarder de panneaux solaires".

Une étude de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) stipule que la Suisse pourrait couvrir 110% de sa consommation en énergie annuelle en utilisant le potentiel déjà construit. "Il n'y a aucune raison de mettre à mal la nature pour développer les énergies renouvelables", relève-t-elle.

Même si la loi soumise à votation contient des mesures pour favoriser le photovoltaïque sur les toits, Vera Weber estime que ce n'est pas suffisant. "On nous dit que soi-disant 80% de cette loi va concerner les panneaux solaires sur les infrastructures. Mais ce n'est stipulé nulle part dans la loi. C'est simplement une extrapolation des possibilités qu'on aurait".

Les tribunaux seront obligés de mettre en avant la production d'électricité plutôt que la protection de la nature

Vera Weber

Pas de garantie

Vera Weber refuse d'opposer protection du climat et protection de la nature, "parce que sans nature, on ne peut pas protéger le climat. Par exemple, les forêts sont extrêmement importantes pour la purification de l'air et de l'eau. Si nous rasons nos forêts pour construire des panneaux solaires et des éoliennes, cela va réchauffer automatiquement le climat. C'est un non-sens total de faire ça".

La fille de Franz Weber remet également en question les garanties prévues dans la loi pour protéger la nature, affirmant que les tribunaux seront contraints de privilégier la production d'électricité au détriment de l'environnement. 

"Avec l'ancienne loi, nous avions la possibilité de faire opposition et d'avoir gain de cause. Mais avec la nouvelle loi, la primauté revient à la production d'électricité renouvelable, nous n'aurons plus la possibilité de gagner parce que les tribunaux seront obligés de mettre en avant la production d'électricité plutôt que la protection de la nature, parce que la pesée des intérêts a déjà été faite dans la loi. Les tribunaux seront pieds et poings liés", explique-t-elle.

Des corrections à apporter

Vera Weber ne rejette toutefois pas l'idée d'une nouvelle loi. "Je pense que la protection de la nature en Suisse vaut bien qu'on essaye d'améliorer cette loi. Il faudrait simplement effectuer quelques corrections. Remettre au même niveau la nature, la protection de la nature et la production d'énergie en Suisse. Il faudrait biffer les exceptions qui rendent possibles la construction d'éoliennes ou de panneaux solaires dans des biotopes d'importance régionale, locale et cantonale. Ces exceptions sont dramatiques".

Comment expliquer que les Vert-e-s et les organisations de protection environnementale soutiennent la loi? "Ils font partie du processus parlementaire et même s'ils ont effectué un gros travail de lobbying et certainement réussi à améliorer cette loi, ils sont liés par un compromis moral", relève Vera Weber. "Nous étions absolument libres et indépendants pour lancer ce référendum pour améliorer cette loi".

"C'est une loi pour la promotion des énergies renouvelables et nous prônons les énergies renouvelables, mais pas comme ça, pas contre la nature", conclut Vera Weber.

Christian Petit, directeur général de Romande Energie, partisan de la loi sur l'électricité, sera l'invité de La Matinale jeudi.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: France-Anne Landry

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La provenance opaque d'un don de 180'000 francs

Les prochaines votations fédérales révèlent une faille dans la transparence des financements politiques. Plus de dix millions de francs seront dépensés au total pour tenter d'influencer l'avis des citoyens jusqu'au 9 juin.

Les budgets de campagne sont publics, comme l'exige la loi depuis cette année. Tous les grands donateurs sont donc connus... Tous sauf un.

Les opposants à la loi sur l'électricité ont bénéficié d'un don anonyme de 180'000 francs en provenance de la Rüfli Stiftung, un organisme lucernois qui offre ses services comme intermédiaire pour des clients voulant rester discrets.

>> Les explications d'Etienne Kocher dans La Matinale :

Des défenseurs de la nature se prononcent contre la loi sur l'électricité. [Keystone]Keystone
Les opposants à la Loi sur l'électricité ont bénéficié d'un don anonyme de 180'000 fr. / La Matinale / 1 min. / le 22 mai 2024