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Le projet de réduction de la redevance radio-TV du Conseil fédéral divise

Sur fond de crise des médias, les cantons romands critiquent le projet de baisse de la redevance radio-tv
Sur fond de crise des médias, les cantons romands critiquent le projet de baisse de la redevance radio-tv / 19h30 / 2 min. / le 1 février 2024
Associations sportives ou professionnelles, partis de gauche et syndicats s'opposent à la baisse de la redevance radio-TV. Ils mettent en garde contre les conséquences drastiques pour le service public. Pour le camp bourgeois et l'économie, la réduction ne va pas assez loin.

Selon les voeux du Conseil fédéral, la redevance radio-TV devrait passer de 335 francs par an et par ménage actuellement à 300 francs à partir de 2029. Le chiffre d'affaires permettant une exonération pour les entreprises est revu à la hausse, de 500'000 francs à 1,2 million. Près de 63'000 entreprises devraient payer moins.

Avec ces propositions, le gouvernement entend contrer l'initiative "200 francs, ça suffit". La consultation sur la modification de l'ordonnance s'est terminée jeudi.

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Le sport et la culture touchés

La SSR estime que le projet entraînerait une diminution des recettes d'environ 240 millions de francs et la suppression de 900 postes au sein de l'entreprise dans toutes les régions.

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La mesure aurait également des répercussions sur la couverture des grandes manifestations sportives comme les championnats du monde et d'Europe. Le nombre de séries et de films suisses soutenus ainsi que la retransmission de manifestations culturelles devraient également être réduits, écrit la SSR.

Swiss Olympic qualifie le projet de "danger pour les reportages sportifs de la SSR et donc pour l'ensemble du sport suisse". La réduction du nombre de reportages n'aurait pas seulement des répercussions sur les fans de sport à la télévision, la radio ou en ligne. Elle aurait également des conséquences sur la promotion du sport, le sponsoring et la cohésion nationale.

La qualité du service public en jeu

Pour les syndicats des médias Syndicom et SSM, la qualité du service public médiatique est en jeu. La Suisse risque de voir sa population de moins en moins bien servie par un journalisme fiable, critique et indépendant.

Pour la même raison, l'Union des villes suisses rejette avec détermination le projet. L'information et les débats démocratiques se feraient plus rares surtout dans les régions moins peuplées, où il n'existe parfois plus aucun média financé par des fonds privés qui assure cette mission.

Swisscopyright, l'association des cinq sociétés suisses de gestion des droits d'auteur comme ProLitteris, Suisa et Suissimage, se dit préoccupée "par les tendances visant à réduire ou à remettre en question les prestations des créateurs culturels". Ces derniers dépendent d'une collaboration substantielle avec la SSR, rappelle Swisscopyright.

Le PS et les Verts critiquent le fait que le Conseil fédéral veuille "affaiblir encore plus la place médiatique suisse en pleine crise des médias". Des médias diversifiés et de qualité sont indispensables à une démocratie. Les coupes mettraient aussi en danger de nombreuses radios et télévisions locales.

Le PLR et l'économie veulent plus

Dans un monde de plus en plus exposé aux "fake news", il est essentiel que les Suisses aient accès à une information de qualité, estime Le Centre. Mais dans le contexte de "l'initiative 200 francs, ça suffit", le Centre peut envisager une réduction à 300 francs. Selon lui, il faut surtout ouvrir le débat sur le contenu et la portée du mandat de service public.

Le PLR reconnaît le "rôle important" de la SSR comme prestataire de service public. Mais il soutient la "baisse modérée" de la redevance, car elle tient compte des changements en matière de consommation de médias. Et les médias régionaux devraient toucher une plus grosse part de la redevance. L'UDC n'avait pas encore publié sa prise de position jeudi à la mi-journée.

L'Union suisse des arts et métiers et Gastrosuisse saluent le fait d'exempter davantage d'entreprises de l'obligation de payer la redevance. L'USAM demande comme le PLR sa suppression totale pour les PME, alors que Gastrosuisse souhaite augmenter à deux millions de francs la limite du chiffre d'affaires permettant une exonération. Economiesuisse considère que l'orientation du projet est "juste, même si elle ne va pas assez loin".

ats/ebz

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