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Le Conseil fédéral veut intégrer les réfugiés par le travail pour économiser dans l'asile

Le Conseil fédéral veut faciliter l'intégration professionnelle des réfugiés ukrainiens
Le Conseil fédéral veut faciliter l'intégration professionnelle des réfugiés ukrainiens / 19h30 / 1 min. / le 8 mai 2024
La Confédération veut économiser 700 millions de francs dans l'asile d'ici 2028. Parmi les mesures proposées, les réfugiés ukrainiens doivent être davantage intégrés dans le marché du travail. "Il faut leur donner un signal clair", a dit le conseiller fédéral Beat Jans.

"La Suisse a accueilli les victimes de l'agression russe à bras ouverts", a rappelé mercredi en conférence de presse Beat Jans. Le statut S de protection est provisoire, et les personnes qui en bénéficient devront un jour rentrer chez elles.

En attendant, ces personnes doivent être intégrées au niveau professionnel. "Car les Ukrainiennes et Ukrainiens ne sont pas seulement nos hôtes, ils doivent faire partie de notre quotidien."

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Signal clair

Le Conseil fédéral entend réaliser d'importantes économies en favorisant l'intégration professionnelle des bénéficiaires du statut S. Le gouvernement a adopté un train de mesures. "Il faut donner un signal clair à ces personnes. Elles doivent aussi y mettre du leur", a souligné le chef du Département de justice et police (DFJP).

L'objectif est d'atteindre un taux d'activité de 40% d'ici à la fin de l'année 2024, ce qui permettra d'alléger la charge qui pèse sur l'aide sociale et les finances fédérales. A fin avril, le taux d'activité s'élevait à 24% en moyenne nationale. Mais avec de grandes disparités entre les cantons. Le taux d'occupation moyen se monte lui à 70%.

L'action des offices régionaux de placement (ORP) sera renforcée. Actuellement, seule une petite partie des Ukrainiens sont inscrits auprès des ORP. A l'avenir, les différents services concernés par l'aide sociale et l'emploi devront inciter les personnes aptes au travail à s'y inscrire.

Les responsables de l'aide sociale sont déjà tenus depuis le début de l'année de les annoncer auprès des services publics de l'emploi. Cette obligation devrait être inscrite dans la loi. Une rencontre nationale entre les acteurs de ce domaine est prévue en juin afin de favoriser la collaboration à tous les échelons.

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Connaissances linguistiques

Le niveau des connaissances linguistiques est aussi souvent un obstacle pour trouver un emploi. Les cantons offrent des cours de langue. Jusqu'ici, quelque 30'000 Ukrainiennes et Ukrainiens ont suivi ces cours, a dit le ministre cantonal bernois de l'économie Christoph Ammann.

L'intégration ne fonctionne pas "à la carte", a poursuivi le Bernois. Les personnes doivent aussi être prêtes à accepter des emplois qui ne correspondent pas totalement à leur profil, afin d'être indépendantes financièrement et sortir de l'aide sociale. Pour cela, "on doit leur donner des perspectives". La question de la garde des enfants en bas âge en fait aussi partie.

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Convaincre les entreprises

"Les entreprises ont un rôle crucial à jouer, elles doivent donner leur chance aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens", a aussi plaidé Beat Jans. Le DFJP a nommé un délégué à l'intégration professionnelle, qui devra faire le lien entre l'administration et l'économie.

Autre mesure en vue, la mise en oeuvre d'une plateforme numérique d'offres d'emploi: Path2Work, développée par les EPF de Lausanne et Zurich, permet notamment aux personnes de compléter la liste de leurs qualifications avec un profil de compétences en ligne. La plateforme s'adresse aussi aux employeurs en attirant leur attention sur des profils de candidats.

La reconnaissance des diplômes devra aussi être améliorée. Les réfugiés reconnus et les personnes admises à titre provisoire devraient aussi en profiter. Avec toutes ces différentes mesures, le Conseil fédéral espère économiser quelque 650 millions de francs.

Concernant le statut S lui-même, parfois remis en cause ou que certaines voix appellent à faire évoluer vers un statut plus durable, un rapport sera présenté d'ici à l'automne 2024, a précisé Beat Jans.

Dossiers en suspens

Outre l'intégration professionnelle, le Conseil fédéral veut que le nombre de demandes d'asile en suspens en première instance passe d'environ 14'000 à 5800 d'ici à fin 2026. Le Secrétariat d'Etat aux migrations a créé 60 postes à plein temps cette année dans ce but, pour des économies prévues de quelque 80 millions de francs.

Au total, les économies escomptées devraient avoisiner les 700 millions de francs d'ici à la fin de l'année 2028. Cette baisse des dépenses sera prise en compte dans le budget 2025.

ats/edel

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Le PS salue le développement du statut S, l'UDC veut le supprimer

Le PS salue la décision du Conseil fédéral de favoriser l'intégration professionnelle des bénéficiaires du statut de protection S. De son côté, l'UDC y voit un pas "dans la mauvaise direction" et exige la suppression du statut S.

En améliorant l'accès des réfugiés ukrainiens au monde du travail, la Confédération fait "un pas salutaire" vers un retour de leur part à une vie plus normale en Suisse, estime le Parti socialiste dans un communiqué.

"Il est illusoire de penser que les Ukrainiens qui ont trouvé refuge en Suisse pourront regagner leur pays d'origine dévasté dans les prochains mois. Leur intégration progressive au marché du travail est une bonne nouvelle pour elles et eux et pour l'économie locale", note le conseiller national Jean Tschopp (PS/VD), cité dans le texte.

L'UDC opposée

Un avis que ne partage pas l'UDC. Le parti estime qu'il faut supprimer le statut S et n'accorder l'accueil en Suisse qu'aux personnes qui viennent de régions ravagées par la guerre. L'UDC rappelle que le Conseil fédéral avait dès le début souligné que le statut S devait être "clairement orienté vers le retour".

Pour lui, les personnes bénéficiant du statut S ne devraient plus pouvoir toucher l'aide sociale. "C'est le plus grand obstacle à l'intégration sur le marché du travail. Il est trop attractif de ne pas travailler", dénonce l'UDC, qui soupçonne "des clans de roms" d'utiliser de plus en plus ce statut de protection temporaire pour obtenir frauduleusement des prestations sociales.