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Frédéric Ménétrey: les citadins "pas assez confrontés" à la réalité du terrain des agriculteurs

Frédéric Ménétrey, directeur de la Chambre fribourgeoise d'agriculture. [Keystone]
L'invité de La Matinale - Frédéric Ménétrey, directeur de la Chambre fribourgeoise d'agriculture / L'invité-e de La Matinale / 12 min. / le 1 novembre 2023
La hausse du nombre d'agriculteurs sous la Coupole à Berne réjouit le secrétaire de l'Union des paysans fribourgeois Frédéric Ménétrey. La profession a la "volonté de se défendre" dans un monde où le nombre d'exploitations agricoles diminue, a-t-il réagi mercredi dans La Matinale.

Le 22 octobre, onze agriculteurs supplémentaires ont été élus au Parlement, portant leur nombre à une trentaine. "C'est une grande joie. Le résultat était vraiment important pour nous", s'est réjoui Frédéric Ménétrey au micro de la RTS.

Pour lui, il ne s'agit pas d'un "lobby paysan", mais plutôt d'un engagement des paysans eux-mêmes pour leurs homologues. "Ils sont concernés par la politique agricole, et c'est là-bas qu'elle se fait. Ils ont donc l'envie, l'intérêt ou la possibilité de passer à l'étage supérieur", a-t-il expliqué.

"Dans cet engagement, il y a aussi la volonté de défendre une corporation qui diminue toujours plus. Chaque année il y a moins d'exploitations agricoles", indique celui qui est aussi directeur de la Chambre fribourgeoise d'agriculture. Il précise au passage que les élus peuvent depuis cette année s'appuyer sur une nouvelle collaboration.

"On va collaborer sous l'égide de Perspective suisse avec l'Union suisse des arts et métiers (USAM), Economiesuisse et l'Union suisse des paysans pour essayer de tous se soutenir", détaille-t-il.

Fossé ville-campagne

Frédéric Ménétrey souligne encore que les citadins "ne sont pas assez confrontés" à la réalité du terrain des agriculteurs, évoquant même un fossé ville-campagne. "Il y a 175 ans, 50% de la population était paysanne. Il y a 25 ou 30 ans, chacun avait encore peut-être un oncle qui était agriculteur. Aujourd'hui, ça diminue toujours plus", constate Frédéric Ménétrey, pour qui il est essentiel de "rapprocher la population citadine et paysanne" et de renforcer les échanges entre monde agricole et citadin.

Ce constat n'est pas problématique pour autant, car nombre de citadins soutiennent tout de même le secteur. "Les dernières votations ont montré qu'il y a une majorité claire de la population qui soutient l'agriculture et était sensible aux votations qui ont été faites", se félicite-t-il.

>> Sur le même sujet, lire : Blaise Hofmann: "J'essaie de faire une passerelle entre le monde paysan et les citadins"

Soutien à toute l'agriculture

Le secrétaire de l'UPF assure que l'agriculture ne vit pas plus que d'autres secteurs du budget de la Confédération. "L'agriculture n'est pas le seul secteur à être soutenu. Ça ne représente qu'un petit 4% du budget de 90 milliards", défend-il. "Et le soutien de la population est assez clair pour dire qu'on veut une production agricole en Suisse".

Concernant l'agriculture conventionnelle et bio, Frédéric Ménétrey prône l'équilibre entre les deux tendances. "On veut soutenir la production agricole, qu'elle soit bio ou conventionnelle. Pour moi, il n'y a pas de différence. La production doit correspondre aux besoins du marché", plaide-t-il.

Pour lui, le marché est guidé par la grande distribution, avec le marketing, et par les consommateurs. "Ce sont eux qui font la demande de ce qui doit être produit".

>> Ecouter aussi le grand débat de Forum sur la revanche des paysans aux dernières élections fédérales :

Le grand débat - Elections fédérales, la revanche des paysans?
Le grand débat - Elections fédérales, la revanche des paysans? / Forum / 20 min. / le 26 octobre 2023

Propos recueillis par Delphine Gendre
Adaptation web: Julie Marty

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L'Union des paysans fribourgeois fête ses 175 ans

Cette année marque les 175 ans de l'Union des paysans fribourgeois. Les festivités officielles auront lieu mardi 31 octobre. L'occasion, pour Frédéric Ménétrey, de faire le point sur la situation de la profession.

A Fribourg, entre 20 et 30 exploitations disparaissent chaque année. "C'est un signe de nécessité d'évolution par rapport aux besoins de la production et par rapport aux prix payés aux paysans. Il faut qu'ils soient plus efficaces", analyse-t-il.

Frédéric Ménétrey salue aussi la féminisation du secteur. "Il n'y a pas encore beaucoup de cheffes d'exploitation, mais ça vient; il y en a toujours plus. Et dans les écoles, il y a entre 10 et 30% des classes qui sont constituées de filles. C'est un très bon fonctionnement, c'est nécessaire et c'est une belle évolution", conclut-il.