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Les "coffres à butin" des jeux vidéo, des risques d’addiction sérieux

Coffres à butins: gare à leur caractère addictif. [Depositphotos - Mogil]
Jeux vidéo: gare aux coffres à butin! / On en parle / 6 min. / le 12 octobre 2023
Addiction Suisse et le Groupement romand d'études des addictions (GREA) ont publié début octobre le second volet d’une étude sur les jeux vidéo gratuits avec achats intégrés. Ils dénoncent leur caractère addictif, qui fait des victimes auprès des joueurs et joueuses de Suisse. Les deux organisations appellent les politiciens à agir.

Les "loot boxes" (boîtes ou coffres à butin en français) sont de petits coffres forts virtuels permettant, moyennant de petites sommes d’argent, d’acheter toutes sortes d’accessoires pour personnaliser ses parties ou être plus performant dans un jeu téléchargé gratuitement.

Tout comme avec des pochettes surprises ou lors d’une loterie, impossible de connaître le contenu du paquet avant de l’avoir ouvert – l’objet peut s’avérer rare ou au contraire banal. Un petit investissement au premier abord, mais la facture s’avère salée lorsqu'on cumule les achats.

Addiction Suisse et le Groupement romand d'études des addictions (GREA) ont étudié le comportement des joueurs et joueuses de Suisse dans ces jeux dits "Free to play" avec achats intégrés en 2018 et 2021. Les résultats du second volet de l’étude sur le sujet dénoncent leur caractère addictif, qui fait des victimes auprès des amateurs du genre.

Une dépense annuelle moyenne de 175 francs

Menée auprès de 752 personnes âgées de 18 à 60 ans ayant effectué au moins un achat intégré dans ce type de jeu, l’étude démontre que les loot boxes représentent un investissement non négligeable, avec une dépense annuelle médiane de 175 francs (la moitié dépensant plus, l’autre moitié dépensant moins que cette somme). Cependant, 10% des participants ont indiqué dépenser plus de 450 francs par année, une somme qui peut même s’élever jusqu'à 1800 francs pour les plus dépensiers, qui représentent 1% des participants.

Enfin, dix questions étaient posées aux personnes interrogées, basées sur le test américain "Internet Gaming Disorder Test". Selon ce test, 1,2% des joueurs et joueuses présentaient un comportement de jeu problématique. Un chiffre déjà trop élevé, selon le GREA et Addiction Suisse, qui demandent aux politiciens d’agir.

Techniques marketing bien rodées

Camille Robert, co-secrétaire générale du GREA, a expliqué dans l’émission On en parle pourquoi les loot boxes sont addictives: "Les jeux utilisent des techniques de marketing classiques pour pousser les personnes à la dépense. Vos francs suisses sont convertis dans la monnaie virtuelle du jeu, ce qui est un moyen de vous faire perdre la notion de l’argent dépensé. Vous pouvez aussi acheter trois loot boxes pour le prix de deux, etc. Ces techniques vous incitent à dépenser toujours plus d’argent et à perdre le contrôle de ce que vous dépensez dans le jeu."

Dans leur rapport, Addiction Suisse et le GREA plaident pour une réglementation, voire une interdiction de ces coffres à butin virtuels. "Des évaluations d’addictivité ont été réalisées sur ces loot boxes au Pays-Bas, qui ont démontré que leur score de potentiel d’addiction était similaire à celui du blackjack et de la roulette", précise Camille Robert. Toujours dans leur rapport, les deux organismes considèrent que "les coffres à butin possèdent des caractéristiques propres aux jeux de hasard et d’argent sans être considérés comme tels ni réglementés et soulèvent des problèmes substantiels en relation avec les jeux vidéo."

Sujet radio: Laurence Froidevaux
Adaptation web: Myriam Semaani

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