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L'Eglise doit vraiment combattre les abus, estime le Conseil fédéral

L'Eglise catholique doit combattre les abus de manière efficace, a affirmé lundi le Conseil fédéral. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
L'Eglise doit vraiment combattre les abus, estime le Conseil fédéral / Le Journal horaire / 26 sec. / le 18 septembre 2023
L'Eglise catholique doit combattre les abus de manière efficace et revoir son fonctionnement rapidement et fondamentalement, a déclaré lundi le Conseil fédéral, en réponse à une question posée au Conseil national. Mais le gouvernement ne voit pas le besoin d'un fonds spécifique pour indemniser les victimes.

Les nouvelles révélations sur les abus sexuels au sein de l'Eglise "affectent" le Conseil fédéral, écrit ce dernier dans une réponse à la conseillère nationale (Verte/BL) Florence Brenzikofer. L'Eglise doit désormais lutter de manière efficace.

Les cantons sont responsables pour les liens entre l'Eglise et l'Etat, rappelle toutefois le gouvernement. Il n'appartient pas non plus au Conseil fédéral de juger le rôle du nonce apostolique, l'envoyé du Vatican à Berne.

Archives fermées

Florence Brenzikofer s'interrogeait dans sa question sur le rôle de ce dernier, après que la nonciature a refusé d'ouvrir ses archives à Berne aux historiennes mandatées par l'Université de Zurich pour enquêter sur les abus.

Le nonce apostolique est toujours au premier rang des diplomates étrangers, selon une tradition établie en 1921 et confirmée en 1953. Il revient au corps diplomatique d'élire son doyen, écrit le Conseil fédéral.

Pas de fonds spécifique

Une victime d’un abus sexuel au sein d’une institution religieuse peut bénéficier des prestations de la loi fédérale sur l’aide aux victimes, à l’instar de toute autre victime d’infraction à caractère sexuel.

Elle peut ainsi, à certaines conditions, obtenir une indemnité et une réparation morale, rappelle aussi le Conseil fédéral, en réponse à une autre question, posée par le conseiller national Raphaël Mahaim (Vert/VD), en écartant l'idée d'un fonds spécifique.

Il est souvent difficile pour les victimes d'abus sexuels de solliciter le fonds d'indemnisation de l'Église elle-même, car cela revient à s'adresser à l'institution ayant rendu les abus possibles, faisait valoir le Vaudois dans sa question.

"Vu les récentes révélations, le temps n'est-il pas venu de préparer la création d'un fonds d'indemnisation présentant plus de garanties d'indépendance et collaborant directement avec les services d'aide aux victimes comme dans certains autres États?", s'interrogeait l'élu.

L'Université de Zurich a documenté 1002 cas d'abus sexuels dans l'Eglise catholique en Suisse depuis le milieu du 20e siècle. Il ne s'agirait que de la pointe de l'iceberg, la plupart des cas n'ayant pas été signalés et des documents ayant été détruits. De nouveaux travaux d'enquête doivent mettre en lumière l'ampleur du scandale. Des évêques sont également mis en cause pour dissimulation.

>> Relire : Mille situations d'abus sexuels documentées dans l'Eglise catholique en Suisse

Plusieurs d'entre eux ont depuis réagi à la publication de l'étude. Excuses, annonce de plainte et promesses de changement ont été faites.

ats/edel

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Victime d’abus? Quelques contacts qui pourront vous aider

Suite aux résultats troublants de l’étude annoncée par le département d’histoire de l’Université de Zurich le mardi 12 septembre 2023 – qui a exposé plus de 1000 cas d’abus sexuels depuis le milieu du 20e siècle – L’émission On en parle s’est intéressée à ce qu'il faut faire et à qui s’adresser lorsqu'on est victime d’abus.

>> À écouter: le sujet "Ce qu'une victime dʹabus au sein de lʹEglise peut faire quand elle souhaite sortir du silence" dans l’émission On en parle :

Victime d'abus de l'Eglise. [AFP - Julien de Rosa]AFP - Julien de Rosa
Ce qu'une victime dʹabus au sein de lʹEglise peut faire quand elle souhaite sortir du silence / On en parle / 10 min. / le 19 septembre 2023

"Si ça s’est passé récemment ou il y a juste quelques années, et le cas n’est pas prescrit au sens de la loi, il faut tout de suite s’adresser à la police et déposer une plainte. Pour les cas qui sont prescrits - peut-être la majorité des situations, parce que lorsqu'on a subi ce genre d’abus, des années sont parfois nécessaires pour que les choses remontent et pour enfin pouvoir en parler - on peut s’adresser soit à un diocèse, soit à la Commission CECAR", explique Marie-Jo Aeby, vice-présidente du groupe SAPEC lors de l’émission On en parle.

Ainsi, lorsqu'une personne est victime d’abus, il lui est possible de demander de l’aide à ces trois entités parmi tant d'autres citées également sur le site internet du groupe:

- Le Groupe SAPEC: soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse

- La Commission CECAR: commission neutre et indépendante des autorités de l’Église catholique, chargée d’offrir aux victimes un lieu d’écoute, d’échange et de recherche d’une conciliation avec l’abuseur, à défaut avec son supérieur hiérarchique, en vue notamment d’une réparation financière

- Les centres LAVI: Aide aux victimes de violences domestique, physique, sexuelle, d’infractions et de mesures de coercition : conseils gratuits, confidentialité et anonymat garantis

Sujet radio: Jérôme Zimmermann

Adaptation web: Clarisse Cristovão