Les impôts perçus par les évêques dans le viseur après les révélations sur les abus
"Nous ne sommes plus en état de pouvoir faire confiance aux évêques pour qu'ils soient prêts à changer suffisamment les structures et la situation en vue de diminuer les abus sexuels", a asséné Urs Brosi, secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ - Römisch-Katholische Zentralkonferenz), dans le 19h30 de la RTS dimanche.
En Suisse, c'est la première fois que qu'une pression est exercée sur l'Eglise par le biais de l'argent. Quelques jours après les révélations des nombreux cas d'abus sexuels, la RKZ craint que rien ne change.
Dans la presse dominicale, la ministre zurichoise Jacqueline Fehr, en charges des affaires religieuses, promet d'exiger des comptes. "Les conditions posées aux contributions de l'Etat sont un levier efficace pour mettre fin aux atermoiements en matière de réformes", affirme-t-elle. D’après le journal Blick, l’Eglise
catholique zurichoise est celle qui reçoit le plus d’argent en Suisse: près de
165 millions de francs par an.
Plus d'un milliard chaque année
Chaque année, l'Eglise catholique suisse encaisse plus d’un milliard de francs. Elle les perçoit principalement grâce aux impôts des fidèles et des entreprises, mais également via la contribution des pouvoirs publics.
En Suisse romande, des impôts ecclésiastiques sont perçus dans les cantons du Jura, de Fribourg, du Valais. Le canton de Vaud soutient financièrement l’Eglise en lui versant une partie des impôts généraux. Du côté de Genève et de Neuchâtel, les deux cantons ne prévoient qu’une contribution volontaire.
Si on apporte un soutien financier, on est en droit d'attendre que les actes abominables qui ont été révélés ne se reproduisent plus.
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Ce levier financier pourrait offrir un droit de regard aux politiques. Mais au sein des cantons catholiques interrogés à ce sujet par le 19h30, le Valais et Fribourg, les réactions sont contrastées."Si on apporte un soutien financier, on est en droit d'attendre que les actes abominables qui ont été révélés ne se reproduisent plus", considère ainsi Frédéric Favre, conseiller d'Etat valaisan (PLR) en charge des Institutions. "On a le droit d'exercer une pression, y compris financière", insiste le ministre.
Autre canton, autre avis. Le conseiller d'Etat fribourgeois Jean-Pierre Siggen (PDC) se montre plus mesuré. Il considère de son côté qu'on ne peut pas arrêter de percevoir
cet impôt simplement pour menacer ou faire pression. "Etant donné que
l'Etat a des relations régulières avec l'Eglise, on peut rassurer la population
qui s’inquiète sur le fait que nous observons son bon fonctionnement et les
mesures qu’elle a prises", estime le chef de la Direction des finances.
>> Quid de l'application de la justice dans l'Eglise catholique? Retour sur explications de Flore Amos:
Sujet TV: Flore Amos
Adaptation web: Raphaël Dubois