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La presse réagit sans grande euphorie après le oui à la loi sur le climat

La revue de presse (vidéo) - Par Sandra Zimmerli
La revue de presse (vidéo) - Par Sandra Zimmerli / La Matinale / 7 min. / le 19 juin 2023
Le "oui" de dimanche à la loi sur le climat constitue "un signal fort", mais ne provoque pas d'euphorie dans les médias suisses. Le plus dur reste à faire, selon eux: prendre des mesures concrètes pour mettre en oeuvre les objectifs de la loi.

Le peuple suisse a pris "la bonne décision" en approuvant la loi sur la protection du climat, jugent 24 Heures et la Tribune de Genève dans un commentaire commun publié sur leurs sites en ligne. En plébiscitant le texte soumis aux urnes, les citoyens ont donné un signal fort à la transition énergétique du pays, renchérit Le Temps.

Sonnée après l'échec de la loi CO2, la classe politique a ficelé en un temps record un projet raisonnable, souligne l'éditorial. "Expurgé des taxes [...] qui avaient largement contribué à couler le projet de 2021, ce texte a convaincu une part de la population inquiète de la hausse des prix".

>> Lire aussi : Après l'échec de 2021, le peuple suisse donne cette fois son aval à la loi sur le climat

Que des gagnants

L'approbation de la loi sur le climat est "une preuve de clairvoyance" de la part des citoyens suisses, selon les titres du groupe de presse alémanique CH Media. "La Suisse n'est pas une gérontocratie morose". Nombreux sont ceux qui ont dit aujourd'hui "oui" à un avenir qu'ils ne vivront pas eux-mêmes, ajoutent-ils.

Pour Le Temps, "rarement une votation fédérale se sera soldée par autant de gagnants sur la ligne d'arrivée". Parmi les vainqueurs du jour, on trouve notamment le conseiller fédéral en charge du Climat Albert Rösti. Ainsi que la science, qui est souvent attaquée, précise le portail alémanique Watson.

Si la nouvelle loi ne fera pas de miracle à elle seule, "c'est un petit pas dans la bonne direction", note Le Quotidien Jurassien. Dans ce combat mondial, chacun doit contribuer à l'effort, ajoute-t-il. "La sage Helvétie admet le problème climatique et l'empoigne".

Loi "inoffensive"

Pour autant, ce vote ne résoudra pas tous les problèmes actuels. Watson regrette une loi "inoffensive" qui ne contient que peu de mesures concrètes à l'exception des subventions pour le remplacement du chauffage et l'innovation.

Même constat du côté d'ArcInfo, du Nouvelliste et du Journal du Jura, qui relèvent que cette loi ne propose qu'"une mesure concrète: le subventionnement du remplacement des bonnes vieilles chaudières à mazout". Après le rejet de la loi CO2 il y a deux ans et le "oui" dimanche "sans réel enthousiasme" à la nouvelle loi pour le climat, les "Suisses n'ont pas très envie de faire des efforts pour la planète", estime leur commentateur, pour qui "tout reste à faire".

Le magazine en ligne Republik va plus loin. A ses yeux, la loi sur le climat n'a été acceptée que parce que le Parlement a exclu de mesures concrètes "tous les groupes d'intérêts potentiellement rebelles, comme les paysans ou les automobilistes. Et qu'il s'est acheté l'approbation générale au moyen de milliards de subventions".

>> Analyses et réactions après le "oui" à la loi sur le climat : Vu pour vous

Gigantesque chantier

Désormais, d'autres chantiers législatifs s'annoncent pour parvenir dans un quart de siècle à l'objectif de zéro carbone fixé par le Conseil fédéral, soulignent 24 Heures et la Tribune de Genève.

Pompes à chaleur, chaudières à pellets, isolation thermique: la technologie a évolué, permettant à de plus en plus de gens de tourner le dos au fuel, ajoutent les deux quotidiens lémaniques. "Les deux milliards de francs débloqués par la loi sur le climat donneront un coup d'accélérateur à ce virage énergétique".

Ce "gigantesque programme de remise en forme", comme l'écrit la Berner Zeitung, a l'air léger, mais il ne l'est pas. Les dépenses supplémentaires devront être financées par la Confédération et les citoyens le sentiront. "Soit on augmente les impôts, soit on fait des économies", regrette le quotidien bernois.

"Courage et créativité"

Un point de vue partagé par La Liberté. Toute seule, la loi climat n'empêchera pas les glaciers de continuer à fondre. Pour inverser sérieusement la tendance, la Suisse devra tôt ou tard adopter une politique plus coercitive, notamment selon le principe du pollueur-payeur.

"Ce scrutin l'a montré, les Suisses veulent agir pour le climat. Mais sont-ils prêts à revoir leurs habitudes, eux qui, en vertu de leur fort pouvoir d'achat, sont par exemple de grands consommateurs et voyageurs aériens", s'interroge toutefois le titre fribourgeois.

Dans tous les cas, la société civile devra maintenir une pression considérable pour que les tendances validées ce dimanche soient suivies d'effets, estime Le Courrier. "La tentation sera maintenant de penser que tout est réglé, alors que tant reste à faire [...] Il faudra être capable de se réinventer. Cela suppose une solide dose de courage et de créativité".

>> Le suivi des votations dans son intégralité : Climat, réforme OCDE, Covid: un triple oui clair est sorti des urnes dimanche

ats/hkr

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