Publié

Des pesticides interdits détectés dans des bouquets de fleurs

Fleurs mondialisées, aux senteurs de pesticides
Fleurs mondialisées, aux senteurs de pesticides / A bon entendeur / 34 min. / le 13 septembre 2022
Des molécules interdites dans l'agriculture suisse ont été détectées dans une série de bouquets achetés dans le commerce de détail. Plusieurs bouquets Max Havelaar, avec des fleurs venant notamment d'Afrique, sont concernés, selon une enquête de l'émission A Bon Entendeur.

En matière de pesticides, l'horticulture suisse doit se plier aux interdictions prononcées par la Confédération. Mais les fleurs importées peuvent parfaitement être cultivées dans d'autres pays avec ces substances interdites. Résultat: celles-ci se retrouvent dans les bouquets vendus sur le marché suisse. Un test de l'émission A Bon Entendeur révèle ainsi la présence de ces substances dans neuf bouquets sur onze.

Plus surprenant, les trois bouquets labellisés Max Havelaar de l'échantillon contenaient des pesticides que Berne a décidé d'interdire. L'engagement affiché par la fondation de "fairtrade" est pourtant celui de cultures "préservant l'environnement, la protection des ressources naturelles" et "l'interdiction d'utiliser des pesticides dangereux". Ce test montre que la fondation tolère à l'étranger l'usage de substances interdites en Suisse.

"La principale raison pour laquelle ces produits sont interdits en Suisse alors qu'ils sont encore autorisés sur notre liste, c'est que beaucoup de ces substances n'ont été interdites que récemment en Suisse et dans l'Union européenne", défend Melanie Dürr, responsable du secteur fleurs de la fondation. Et d'ajouter que ces substances devraient être bannies au sein des plantations partenaires de Max Havelaar en 2023.

38 pesticides dans un seul bouquet

Le bouquet contenant le nombre le plus élevé de produits phytosanitaires est un bouquet vendu par les boutiques Fleuriot à Manor Genève. Celui-ci présente un total de 38 pesticides, dont 8 molécules interdites pour la culture en Suisse.

"J'ai évidemment été très surpris par le nombre", réagit Charles Millo, à la tête des boutiques Fleuriot, qui explique la diversité de pesticides par la grande variété de fleurs présentes dans le bouquet: "Le fait d'avoir un cocktail de fleurs fait que vous avez aussi un cocktail de produits", ajoute-t-il.

En réaction à ces analyses, le patron genevois s'engage à recentrer ses achats de fleurs sur l'Europe et à "passer à des fleurs européennes avec des produits [phytosanitaires] aussi homologués en Suisse".

Stéphane Fontanet et Linda Bourget

Publié