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"J’ai détourné 850'000 francs pour des paris sportifs"

Paris sportifs : le piège
Paris sportifs : le piège / Mise au point / 12 min. / le 4 septembre 2022
Alors que les paris sportifs sont de plus en plus populaires en Suisse, de nombreux jeunes perdent le contrôle et s’endettent. Mise au Point a rencontré Marc*, un jeune qui a volé son ex-employeur pour continuer à parier.

Fin juin, Marc a été condamné à 24 mois de prison avec sursis. Ce jeune employé de commerce a détourné 850'000 francs des caisses de son ancien travail. Cet argent a été englouti dans les paris sportifs. "Je me suis dénoncé moi-même à la police. C’était pour stopper ma descente en enfer. Je jouais toujours plus et je puisais toujours plus dans la caisse de mon travail. Le trou ne cessait de grandir et je n’arrivais pas à me refaire. J’avais complètement perdu le contrôle."

Marc a joué pendant des mois aux paris sportifs. Les offres sur internet se sont particulièrement développées ces dernières années. Les parieurs misent sur un match de hockey, de tennis ou divers autres sports. Il est possible de parier sur le résultat, mais également sur les actions de jeux comme un carton jaune au foot.

"En quelques mois, j’ai perdu des centaines de milliers de francs sans que personne ne me stoppe, ou presque". Marc était sur liste noire à la Loterie romande depuis des années. Il ne pouvait donc pas accéder à la plateforme internet de paris sportifs. Cette liste noire suisse est un système mis en place pour protéger les joueurs de leur addiction.

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50'000 francs cash dans un kiosque

Cet obstacle n’a toutefois pas stoppé Marc. Il misait sur des sites étrangers accessible en un clic. Il jouait également directement au kiosque. Il pouvait ainsi accéder à l’offre de la Loterie romande de manière anonyme. "Je faisais des mises de 2000 à 5000 francs. Sur internet, c’est plus rapide et facile, mais j’allais également dans un bureau de tabac. Une fois, j’ai même versé 50'000 cash pour un pari sportif dans un kiosque près de chez moi."

Pour se sortir de son addiction, Marc suit une thérapie au centre de jeu excessif du CHUV. Il a pu rembourser ses dettes grâce à l’aide de sa famille et reprendre en main sa vie. "C’est impossible à s’en sortir seul. La chute est tellement brutale, la perte de contrôle est tellement rapide: 50, 100, 200'000 francs, on pense toujours pouvoir se refaire, mais finalement on perd tout."

* prénom connu de la rédaction

Francois Ruchti/vkiss

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