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Une société suisse pointée du doigt par Greenpeace sur l'exploitation des fonds marins

Opérations de prélèvement sur le fond de l'océan près des côtes antarctiques (image d'illustration). [Nature - Michael Weber]
Une entreprise fribourgeoise s'apprête à fouiller d'ici quelques semaines le fond de l'océan / La Matinale / 1 min. / le 10 février 2022
Les militants de Greenpeace ont attiré l'attention mercredi sur les risques liés à l'exploitation minière en eaux profondes, avec une fausse machine d’excavation installée sur la Place fédérale. L'ONG accuse notamment une multinationale suisse de vouloir piller les fonds marins.

Après avoir épuisé une bonne partie des richesses terrestres, l'humain s'apprête à fouiller, d'ici quelques semaines, au fond de l'océan. Une chasse au trésor qui inquiète.

Imaginez un monde tout noir, silencieux, à 4500 mètres de profondeur. Cet univers marin est, selon la formule consacrée, moins bien connu que le surface de la Lune.

Sauf que dans quelques semaines, ces grands fonds recevront la visite d'un robot aspirateur géant à la recherche notamment de nodules polymétalliques, des minéraux en forme de pommes de terre, utiles pour fabriquer smartphones, batteries de voitures électriques ou encore éoliennes.

Derrière ce projet, la société Allseas, basée dans la commune fribourgeoise de Châtel-Saint-Denis. Pour son porte-parole Jeroen Hagelstein, il s'agit d'une alternative durable.

Autorisation d'exploitation espérée pour 2024

"Notre technologie place l'environnement au centre du projet", affirme-t-il jeudi dans La Matinale. "De l'autre côté, c'est une alternative pour obtenir les métaux nécessaires à la transition énergétique, comme le font toutes ces mines, par exemple au Congo, qui ne sont pas très éthiques. Nous pensons donc que l'exploitation minière en eaux profondes est bien plus durable", estime-t-il.

La société Allseas espère obtenir une autorisation d'exploitation pour 2024.

Mais cette ruée vers les fonds marins dont on connaît à peine le cinquième inquiète notamment Greenpeace. Il est en effet encore difficile d'évaluer les dégâts potentiels sur la façon dont l’océan stocke le carbone dans les profondeurs, et sur les organismes qui y vivent.

Pour Mathias Schlegel, porte-parole de Greenpeace Suisse, il faut que les fabricants de voitures et de smartphones envisagent d'autres alternatives.

"Remise en question"

"Ce qu'il faut, c'est une remise en question de notre mode de production et de nos modes de consommation", souligne-t-il. "Est-ce qu'on doit vraiment aller à 4000 ou 6000 mètres de profondeur, n'y a-t-il pas des méthodes de production, de recyclage, de réparation, qui permettent de réduire drastiquement les ressources naturelles?", interroge-t-il.

Greenpeace demande dès lors au Conseil fédéral de s'engager en faveur d’un accord ambitieux pour la protection de la haute mer, ainsi que pour un moratoire sur l'exploitation minière en eaux profondes.

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Foued Boukari/kkub

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