La Suisse pourrait s'inspirer du "pacte vert" de l'Union Européenne
Quand les Suisses ont refusé la loi sur le CO2 en juin, les critiques se concentraient sur les taxes sur l'essence, le mazout et les billets d'avion. Or, sur ces trois points, la Commission européenne montre un chemin différent avec son "pacte vert" (green deal).
Taxer le kérosène sur tout le continent serait ainsi plus cohérent que de taxer le billet d'avion dans un seul pays. Le chauffage et les transports routiers, eux, seraient intégrés dans l'échange de quotas d'émissions.
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Et pour Patrick Eperon, du Centre patronal, ce marché du carbone serait plus flexible pour les entreprises que la taxation suisse qu'il a combattue jusqu'ici.
"Une voie qui pourrait être intéressante"
"Le marché des droits d'émission, pour moi, c'est quelque chose de très intéressant", a-t-il souligné vendredi dans La Matinale de la RTS. "Si maintenant une extension de ce système est possible, et non pas un cumul avec nos taxes, c'est une voie qui pourrait être intéressante".
Pour Patrick Eperon, cela impliquerait cependant un "reset" de toute la discussion politique sur la politique climatique en Suisse. "Et cela prendrait passablement de temps."
La Suisse pourrait en tout cas s'inspirer de l'extension du marché carbone, voire se greffer sur le système européen comme elle l'a déjà fait pour les grandes entreprises.
Un mécanisme de réduction "clair" et "flexible"
La conseillère aux Etats verte vaudoise Adèle Thorens se dit ouverte au principe: "Ce qu'il y a d'intéressant dans ce mécanisme, c'est qu'on a à la fois une réduction prévue, claire, avec des droits d'émettre du CO2 qui sont réduits progressivement, mais aussi un mécanisme de flexibilité qui permet aux différents acteurs de faire cette réduction à leur rythme. Je pense que c'est un bon instrument", a-t-elle relevé.
La route reste éanmoins longue avant que cet instrument devienne réalité. Le mauvais état des relations bilatérales assombrit les perspectives d'une collaboration climatique entre l'Union européenne avec la Suisse.
Dans tous les cas cependant, le plan européen donne des idées à la politique suisse, aussi avec l'abandon des voitures thermiques et le fonds social pour le climat.
>> Voir aussi l'interview de Martin Beniston, climatologue et professeur honoraire à l'Université de Genève, dans le 19h30 :
Etienne Kocher/oang
La question de l'argent public, un frein en Suisse
Pour Philippe Thalmann, professeur d'économie de l'environnement à l'EPFL, la Suisse a quelque chose à tirer de ce projet européen, de la façon de faire, après l'échec de la révision de la loi sur le CO2.
"L'un des éléments importants est un accompagnement, une aide pour sortir des énergies fossiles financée dans un premier temps par des aides publiques", a-t-il souligné jeudi dans La Matinale. "Et je crois qu'en Suisse, on n'est pas prêts encore à utiliser de l'argent public pour faciliter cette transition - ou alors, en toute petite quantité".