Publié

Le silence radio du gouvernement continue

Moines birmans en marche, tennismen suisses à l'arrêt [KEYSTONE - GAETAN BALLY]
Les discussions ne sortent pas des murs de la coupole. - [KEYSTONE - GAETAN BALLY]
Le Conseil fédéral applique la règle du silence absolu en matière de crise financière. Seule certitude, il débattu des remous qui secouent les marchés internationaux et de leurs conséquences sur l'économie suisse mercredi au début de sa séance hebdomadaire.

Le gouvernement a renoncé à tenir une conférence de presse à
l'issue de ses délibérations. Il a «décidé de ne communiquer que
lorsqu'il y aura quelque chose à communiquer» en la matière, a
déclaré son porte-parole Oswald Sigg.

Critiques

Impossible, dans ces conditions, de révéler le moindre détail,
selon lui. Pourtant, l'attente était grande puisque le Conseil
fédéral ne s'est plus réuni en séance depuis le 2 octobre. A cette
occasion, il n'avait déjà pas voulu dire grand chose.



Des critiques se font jour au vu de l'absence de mesures de la
part du Conseil fédéral.



Mardi, Doris Leuthard a admis que la Suisse pouvait donner l'image
d'une "profiteuse", en regard aux les plans mis en plan au sein de
l'Union européenne. Mais la ministre de l'Economie a assuré que le
Conseil fédéral ne se croisait pas les bras et que la BNS avait
déjà injecté de grosses sommes sur les marchés.

Quid des garanties de l'épargne?

Le vice-chancelier de la Confédération a décliné toutes les
questions de l'ATS concernant les travaux en cours sur le
relèvement de la garantie des dépôts bancaires (actuellement 30'000
francs par compte) ou d'autres possibles ébauches de
décisions.



«Je ne peux pas dire grand chose», s'est-il justifié en refusant
même d'indiquer si le président de la Banque nationale Jean-Pierre
Roth avait participé à la séance.



La veille, la commission de l'économie du Conseil national a elle
aussi fait les frais de la discrétion absolue décrétée par le
gouvernement en matière de crise financière.



Une motion socialiste a été déposée au Parlement demandant de
relever la garantie de l'épargne à 80'000 francs.



ats/ant

Publié

Réactions inquiètes

Le silence du Conseil fédéral sur la crise financière est inquiétant, estime la gauche qui attend des mesures rapides. Le PDC est aussi critique, ayant espéré un signe à même de rassurer la population.

Pour les Verts et le PS, le mutisme du Conseil fédéral est fort étrange et peu rassurant. Il est contraire à la pratique et «ouvre la voie aux spéculations. Ce qui n'est pas sain dans le contexte actuel», déplore le président des écologistes Ueli Leuenberger.

L'inertie peut avoir des conséquences potentiellement dévastatrices, explique le porte-parole du PS, Jean-Yves Gentil. «Soit tout va bien et on le dit. Soit tout va mal et on le dit aussi. L'attitude du Conseil fédéral est peu responsable», dit-il. Et de souligner que «la crise ne s'arrête pas aux frontières, surtout pas pour une place financière comme la Suisse.»

Le vice-président du PDC, Dominique de Buman suppose que des désaccords entre les conseillers fédéraux sur les mesures à prendre sont à l'origine de ce silence jugé «exagéré». «Il est aussi possible que le gouvernement veuille éviter de donner des ébauches de solution au risque de tout faire capoter».

Le PRD souligne que les faits sont déterminants et non la communication, indique son porte-parole Christian Weber. Les expériences à l'étranger ont montré que les annonces ne produisaient aucun effet, au contraire des actions.

L'UDC a répété qu'elle ne voyait pas pourquoi le Conseil fédéral devrait agir. «Il n'y a aucune raison que la Suisse prenne les même mesures que les pays européens», note son porte-parole Alain Hauert.